Mori ne fit aucune remarque. Il était d'accord avec Date pour cela. Les loups étaient des bestioles néfastes et vraiment compliquées qui n'apportaient que des problèmes. Ce n'était pas pour rien qu'il y avait tant de chasseurs de loups. Peut-être même plus que de chasseurs de vampires, car ceux-ci vieillissaient beaucoup plus lentement - pour ne pas dire plus que les loups. Ainsi ils avaient généralement plus de jugeote et évitait de faire des conneries à tout va. Il y avait tout de même de jeunes recrues également qui faisait du bordel, mais cela arrivait tout de même beaucoup moins souvent que chez les loups garous.
D'après ce que savait compris Mori, la transformation pour devenir vampire était plus longue et difficile que celle pour devenir un loup. Pour preuve, il avait suffit d'une morsure à Mori pour qu'il soit obligé de souffrir comme l'une de ces bêtes... Yukimra n'avait hérité que de deux traces de crocs dans le cou.
"Dans sa meute, il n'a pas ce qu'il lui faut ?" Mori leva les yeux au ciel. Avec toutes ces nouvelles têtes dans la meute, il aurait pu trouver de quoi se mettre dans le lit. Ce genre de choses, il ne les comprenait pas. Il n'avait jamais éprouvé ce qui pouvait s'apparenter à l'amour et n'en avait jamais eu le besoin. Mori avait une vie qui se suffisait à elle-même.
Il fut surpris quand il vit l'Alpha se relever sans trop grande conviction. Un regard verse vampire lui fit comprendre qu'il aurait mieux à faire de le suivre pour s'assurer qu'il survive le chemin jusqu'à chez lui. Sa meute devait être assez loin. Il n'était pas rassuré malgré tout et ne pouvait pas y aller sans protection.
"Je pourrais récupérer mes armes, si je dois l'accompagner ?"
Date haussa les épaules. D’un côté, il se disait que son ami n’avait pas le temps de draguer avec tout le boulot qui lui était tombé dessus ou alors il n’avait pas la foi de se lancer dans un jeu de drague avec un pauvre loup qui était perdu dans ce nouveau monde. Il pouvait plus ou moins comprendre ce sentiment. Depuis le temps qu’il vivait, il avait quelques sentiments en moins comparé à sa vie humaine. Il était bien plus serein, n’étant plus animé par bon nombre de sentiments inutiles et contraignants.
- En plus, ce n’est pas dans cet état qu’il réussira à monter quoi que ce soit.
Le vampire avait toujours connu l’Alpha comme un loup qui appréciait les petits plaisirs de la vie, comme l’alcool ou le sexe. Peu sûr que cela rentre en jeu avec son état actuel, il préférait tout de même faire part de toutes ses idées. Après tout, les loups étaient des animaux et les animaux n’avaient pas tendance à se retenir comme les humains. La pudeur n’était pas aussi forte chez eux que chez les bipèdes qui envahissaient la terre en se pensant les plus puissants alors qu’il y avait des créatures dans l’ombre bien pires à craindre.
- Of course, Lança Date avant d’attraper son trousseau de clés et d’en lancer une à Môri. Il avait caché les armes dans une salle, dont il précisa l’emplacement, qu’il avait fermé à clé. Il laissait le loup se charger de les récupérer. Vu la vitesse à laquelle l’Alpha avançait, le chasseur ne risquait pas de perdre sa trace. Même en y mettant la meilleure volonté, cela paraissait vraiment impossible.
- I need to go !
Sur ses mots pleins d’entrain, il reprit sa forme de chauve-souris et disparut dans les airs. Il voulait retrouver Yukimura est voir comment ça se passait du côté des chasseurs. Il faisait ainsi une pierre deux coups. Il retrouvait son chasseur adoré et passait quelque temps en sa compagnie, tout en glanant des informations pour donner un coup de main à son ami borgne.
Lily-Rose
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09/08/13, 06:48 pm
Mori ne savait pas comment interpréter la réflexion du vampire ou plutôt, s'il devait s'empourprer discrètement ou non de la manière irréfléchie dont ceci était lancé. Il n'avait rien envie de savoir des performances sexuelles de Motochika. Vu ce qu'il voyait de l'attirail de l'Alpha, ses compagnes ne devaient pas être déçues...
"Je comprendrais son envie de mourir s'il avait au moins procréé," intervint Mori en fronçant les sourcils devant la démarche bancale de Motochika. La claque du temps qui passait sans qu'il ne puisse rien faire avait du montrer à Motochika que la vie lui échappait. Mais il avait encore tellement à faire et beaucoup de responsabilités à prendre que c'était juste incroyable et lâche qu'il baisse les bras si facilement.
Le chasseur réceptionna la clé en vol et regarda le vampire s'en aller, un peu perplexe. Il avait tellement râlé sur le fait qu'il avait saccagé son chez lui et qu'il avait eu tendance à incruster son odeur de nouveau nez partout et là il lui passait les clés ? Il soupira. Bon au moins il allait pouvoir récupérer ses biens et ce n'était pas plus mal. Il avait tendance à se sentir un peu nu sans elles et avait hâte de retrouver le toucher de ses armes. Il jeta un coup d'oeil à l'Alpha qui avait tendance à se déplacer à la vitesse d'une limace boiteuse. Eh bien, ce n'était pas ce soir qu'ils arriveraient, songea-t-il. Il avait tout le temps nécessaire.
"Tu viens ?" tenta-t-il de demander au loup. Si Date avait réussi à lui faire lever les fesses pour le faire commencer à bouger, il aurait peut-être l'occasion de le faire le suivre jusqu'à la demeure. Il pouvait pas trop le laisser se balader à poil dans une telle forêt. Il était déjà vulnérable moralement alors pas question que ce soit également physiquement.
Motochika était las, vidé, épuisé, désespéré et tant de choses encore qu’il n’osait même pas y penser de peur de se déprimer encore plus. Il avait atteint le fond du trou et voulait y rester. Il était bien et n’avait plus qu’une hâte qu’il se fasse ensevelir. Ses pensées tournaient ainsi en boucle. Il pensait à tout ce qu’il avait à faire, au fait qu’il devait se motiver, à son état, puis il revenait toujours à cette idée de la mort. Toujours les mêmes pensées, et pourtant, il n’avait pas envie d’en changer. Cela lui demandait trop d’effort.
Il prit le temps de faire un arrêt, ses oreilles bougeant légèrement en direction de la voix du chasseur. Venir avec lui ? Non. Mauvaise idée. Il devait rentrer se terrer dans son bureau, dans un coin où les gens l’oublieraient et le laisser mourir en paix. Ici, il serait constamment dérangé et tout le monde tenterait de le remettre sur le droit chemin. Il avait déjà tenté avec deux amis qui avaient comme lui atteint le seuil dangereux de l’anéantissement de toute motivation chez les vieux loups. Il avait tout essayé et rien avait changé la situation, ils avaient touts deux finis par mourir. C’était la vie. Elle finissait toujours à un moment et les plus jeunes, plus motivés, plus ambitieux, prêts à se battre, finissaient par prendre la place des vieux qui avaient tout abandonné.
Motochika allait finir comme ça. C’était ainsi que ça devait se passer.
Reprenant sa route, il s’avança à travers la forêt, la démarche pâteuse et lourde. Il avait l’impression que son corps allait refuser d’avancer et le laisser s’écrouler au sol. Mais il repensa à l’endroit sombre où il irait se terrer, ce qui lui donna la motivation nécessaire d’avancer.
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09/08/13, 07:43 pm
"Fichu loup !" Mori tapa du pied devant la réaction du loup argenté. Il avait écouté Date, il aurait pu lui faire le paisir de faire pareil avec lui. Il n'en avait pas longtemps. Tant pis, Mori se dépêcha de faire l'aller retour entre la cache de ses armes et l'Alpha. Il lui fallait se dépêcher s'il ne voulait pas le perdre sa trace mais après tout s'il disparaissait de sa vie, il n'en avait plus rien à faire. Il était assez déçu comme ça. Si Motochika lui laissait la possibilité de le suivre, peut-être était-ce par espoir qu'il le requinque et lui redonne une raison de se battre. Et à l'état actuel, Mori devait avouer que c'était bien ce qu'il voulait lui aussi : retrouver le bon vieux loup garou Motochika qui s'amusait de leurs combats...
Mori arriva dans la pièce en question et retrouva ses biens assez facilement. Il n'avait jamais été aussi content de pouvoir les toucher. Il dut faire tout de même attention. Il devait tester avec douceur s'il ne risquait rien en touchant les balles de son pistolet et la lame affûtée de son arme. C'était un moment de stress qu'il se garda bien d'avoir, trop pressé de retrouver le loup argenté qui se traînait surement encore parmi les racines des arbres. Le chasseur ressortit rapidement du bâtiment, embarquant la clef. Il ne fallait pas rêver, il n'était pas si bon samaritain et c'était un objet dont il pourrait toujours avoir l'utilité un jour.
Ce vampire était efficace. En plus de lui donner une clef de chez lui, il lui permettait d'avoir un accès direct à l'antre de la meute de l'Alpha. Il allait pouvoir faire une enquête approfondie et comprendre un peu mieux comment ils marchaient, de l'intérieur. C'était juste parfait.
Il retrouva Motochika qui n'avait pas avancé des masses. Il resta silencieux à ses côtés, ne le regardant pas. Les choses pourraient être plus simples s'il se transformait en loup lui-même pour lui parler mais ce n'était certainement pas dans sa nature d'être compatissant.
Le trajet se fit dans le silence. Motochika ne comptait pas reprendre forme humaine, cela lui demandait bien trop d’effort. Être sous sa forme de loup lui permettait de ne pas avoir à parlé. Il pouvait rester plongé dans ses pensées et se noyer dans cet océan de désespoir qui l’envahissait de plus en plus.
S’il avait été lui-même, il aurait sans doute évité de laisser le chasseur le suivre. Il appréciait leurs combats, mais il n’irait pas jusqu’à lui montrer la planque pour lui lancer une chance de démonter la meute depuis l’intérieure. C’était ainsi qu’il fonctionnait. Mais il n’était plus lui-même. Il était plutôt l’ombre de lui-même et ne réagissait à rien. Pas même aux insultes de Môri.
Le chemin qui le séparait de la demeure de son ami vampire de sa planque était plutôt long. Mais lorsqu’il était en loup, en pleine forme et motivé, il pouvait parcourir la distance en quelques temps, sans être fatigué. Là, il ramait, s’arrêtant de temps à autres, faisant ainsi râler son compagnon de route, sûrement encore plus désespéré que lui. Un tel spectacle, L’Alpha dans un état pareil, devait être un supplice pour quelqu’un comme Môri.
Il finit par se détourner de son objectif pour aller vers un fleuve un peu plus loin. Il avait capté le bruit de l’eau et venait de penser que c’était le meilleur moyen d’en finir le plus vite. Les loups étaient tellement lourds qu’il ne pouvait pas nager. Ils coulaient toujours, incapable de remonter à la surface.
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09/08/13, 09:11 pm
Il s'arrêtait encore, ce n'était pas possible ! Et pour rien encore ! Si encore c'était parce qu'il avait mal aux pattes ou alors pour une petite soif - quoiqu'il était déjà assez ivre comme ça. Elle avait l'alcool triste, la bestiole -, ça pourrait passer mais non. Il s'arrêtait, regarder les feuilles par terre, la branche qui dépassait, semblant la juger sans conviction et repartait tout aussi lentement qu'il était arrivé jusqu'à là. Mori crut qu'il allait plusieurs fois péter les plombs. Plus le temps passait et plus son envie de pouvoir trouver un moyen de communiquer avec lui devenait urgent.
Une des grandes questions qu'il avait était l'origine de ce sentiment de semi-inquiétude et d'intérêt. Pourquoi ne laissait-il pas simplement Motochika à son triste sort, si ce n'est par égards à leurs anciens combats ? Il se demandait si avoir vécu une transformation en loup-garou n'imposait pas un petit sentiment de responsabilité vis-à-vis de l'Alpha.
"Comment c'est possible de perdre aussi vite l'envie de vivre..." souffla-t-il plus pour lui-même qu'autre chose. Il doutait de toute façon que le loup l'écoute.
Soudainement, le loup argenté releva la tête, comme attiré par quelque chose. Mori eut un espoir mais lorsqu'il capta le son qui avait changé autour d'eux, il comprit de quoi il en retournait. Du moins, il le pensa. Il suivit Motochika (de toute façon il ne pouvait faire que ça) et une grimace prit place sur son visage quand il vit l'eau.
"Oh non..." Il entendit en son fort intérieur la Bête qui hurlait tout autant que son esprit. La perte d'un Alpha pour un jeune loup garou n'était apparemment pas une bonne chose. Ce qui passait à la tête de Mori était qu'il devait l'arrêter, de n'importe quelle façon possible. Il sentit une douleur ignoble lui traverser la colonne vertébrale et avant qu'il ne put se rendre compte de ce qu'il se passait qu'il se trouvait à qautre pattes face à au loup argenté. Ses babines se retroussèrent de colère et il plongea ses yeux dorés dans ceux du vieux loup.
Il semblait presque de nouveau lui-même. Sa marche n’était plus aussi lente, c’était presque s’il ne courait pas pour rejoindre l’étendue d’eau qui l’attendait de l’autre côté des arbres. Sa délivrance était proche. Cette idée lui procurait un immense soulagement et lui donnait la force de se mouvoir plus rapidement pour atteindre son but. Il devait mourir, c’était ainsi et il allait y parvenir. Ce n’était pas le chasseur qui allait s’interposer. Il n’y faisait même plus attention, tellement préoccupé par son but actuel. Il ne pensait plus qu’à ça.
Et ce n’était pas le chasseur qui l’interrompit dans sa course, mais le loup de ce dernier. Les loups étaient souvent très attachés à l’Alpha. Il leurs était presque vital au début. Après ils prenaient plus d’assurance et mourraient souvent d’envie de prendre sa place. Mais pas au début. Les premiers pas en tant que loup devaient se faire sous surveillance. Avoir une protection et une aura apaisante à ses côtés étaient le strict minimum pour bien commencer. Sans l’Alpha se serait la panique générale. Il le savait. Mais cette idée l’avait à peine effleurée, se faisant relarguer dans un coin de son esprit pour laisser l’envie de mourir prendre le dessus et jouer les tyrans sur le reste.
"- Mourir", Répondit-il du tact au tact. Mais petit à petit son esprit se libérait de l’envie de mourir, laissant un peu de place aux autres pensées. Et il finit presque par trouver ce mot, celui qu’il venait de prononcer, ridicule, complètement aberrant et n’ayant pas sa place dans sa gueule.
Mourir.
Il secoua vivement le museau, faisant voler ses poils argentés autour de lui. Il avait envie de mourir. C’était ainsi. Il devait mourir. C’était l’heure. D’un autre côté, il commençait à trouver ça idiot et lâche. Ses deux pensées se heurtaient violemment dans son esprit, l’embrouillant. Il fut à tel point déstabilisé qu’il partagea, sans le vouloir, ce ramassis de pensées qui l’envahissait. Pour faire taire tout ça, il ne trouva pas mieux que de se mettre à hurler comme le faisait les loups normaux. La puissance de son hurlement fit trembler la forêt et les animaux qui ne se trouvaient pas très loin finir par prendre leurs jambes à leurs cous de peur de finir dévorer par l’Alpha.
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09/08/13, 09:46 pm
Mori était surpris. Il avait en fait réussi à ouvrir un semblant de dialogue avec l'Alpha. Voilà qui était plus que surprenant. Il pensait que cette envie de suicide aurait coupé toute communication avec l'extérieur. Mais apparemment il était capable de partager des mots avec lui, peut-être aurait-il la chance de le raisonner. S'il en était capable, alors les loups de sa meute en serait beaucoup plus possible. De ce qu'il les avait rencontrés, ils étaient complètement à sa botte, à essayer d'exaucer le moindre de ses désirs. Mori aurait bien voulu d'hommes aussi fidèles. Ce devait être pratique.
"Explicite tes raisons !" Il devait malgré tout le raisonner parce qu'ils n'étaient pas là et était le seul sur les lieux. "T'as encore des choses à faire. On doit encore se battre !"
Son loup parlait à sa place et il était vrai qu'il n'avait jusqu'à maintenant pas encore vraiment combattu avec l'Alpha. En tout cas, il râlait intérieurement. Car sa première rencontre avec Motochika avait été plus mouvementé et vivante. Il était franchement déçu. Ses crocs le démangeaient, comme s'il avait envie de pouvoir les enfoncer dans sa chaire pour le motiver à bouger.
Le hurlement soudain de l'Alpha les surprit d'un coup si bien que les oreilles brunes se baissèrent pour étouffer le bruit. Mori tentait de retenir le loup qui avait prit son corps de suivre le mouvement. Ce serait être trop loup.
Son hurlement fini, il recula de quelques pas et ferma fortement les yeux en baissant la tête. Les pensées s’étaient stoppées et il essayait de ne plus rien avoir en tête pendant quelques secondes pour reprendre ses esprits. L’Alpha luttait. Il voulait autant qu’il ne voulait pas mourir. C’était des sentiments contradictoires d’une telle force qu’il avait l’impression qu’il allait en perdre la tête.
Que faire ?
Il répétait sans cesse cette phrase dans sa tête pour bloquer l’arrivée des autres et ne pas se faire submerger à nouveau par une horrible envie de mourir. Il était si près de l’eau qu’en quelques bonds, il pouvait se jeter dedans et ne pas laisser le temps à Môri de l’arrêter. Il était si proche de la mort. Et pourtant, il se mettait enfin à lutter.
« Tu es responsable de tout ce merdier, bon sang ! »
Son corps plus qu’agité se calma brusquement. Lentement, il releva la tête, ouvrant péniblement les yeux pour poser son regard sur Môri. Il était encore en loup. Le chasseur qui mourrait d’envie d’avoir sa peau comme celles de tous les autres loups venait de lui sauver la vie. Il venait de l’empêcher d’en finir. Comment ne pouvait-il pas réagir à un truc pareil ?
"- Pourquoi ?"
On sentait une pointe d’hésitation et un manque cruel de force dans sa voix. Il n’était pas encore redevenu lui-même. Mais il était en bonne voie. Il devait encore lutter contre l’envie d’aller faire trempette pour toujours dans les eaux sûrement glacées du fleuve devant lui. Il devait faire son possible pour se concentrer sur le loup qui lui barrait la route et reprendre confiance en ses capacités pour gérer la situation.
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09/08/13, 10:19 pm
Le voir reculer permit à Mori de se redresser et de le regarder de toute sa hauteur de loup. Son esprit parut se calmer, arrêter de tourner sous un flot d'informations contradictoires et brouillon qu'il n'arrivait pas à décrypter. Motochika était apparemment en train de lutter cotre lui-même et ce n'était pas un mal si cela lui permettait de revenir dans le droit chemin.
Il le regarda se battre de loin, silencieusement. Il ne recevait aucune parole de la part de l'Alpha alors il ne pouvait pas lui parler non plus.
La Bête lui parlait cependant à lui, essayant de comprendre également le sentiment qui le partageait.
Que se passe-t-il ? On devrait l'attaquer ! Mais... c'est...
Tais toi.
Petit, c'est le moyen le plus sûr de faire notre premier... un Alpha !
Tu sais que c'est idiot. Tu me dis ça mais tu n'en as pas envie.
Non...
Mori sentit la Bête s'agacer contre elle-même, pestant contre le pouvoir des Alpha.
Ils se reconcentrèrent tous deux sur Motochika qui semblait revenir à la vie, doucement, bien que toujours indécis. Il avait sûrement encore envie de se mouiller les pattes. Mais Mori se jurait de l'empêcher de faire ça. Il n'avait certes pas envie de tuer le loup garou, mais il n'avait pas envie qu'il se suicide non plus. Cette lâcheté était insupportable. La question soudaine de l'Alpha le fit ouvrir les yeux, surpris.
"Pardon ? Pourquoi quoi ? Pourquoi j'essaie de te ramener à la raison ? Tu te fous de qui là, le loup ? Tu veux entraîner tout le monde dans ta chute ? T'es si égoïste que ça ?"
Égoïste. Il était égoïste. Sur ce coup, il ne pouvait pas nier. Mais un loup dépressif et vieux était égoïste. Les jeunes n’avaient plus besoins de lui alors il se laissait aller et abandonner la vie au bout du compte. C’était ainsi que ça se passait. Mais pour Motochika cela avait été plus brutal. Il avait soudainement perdu face à la dure réalité qu’était la sienne et s’était laissé entraîner dans la spirale de la vieillesse. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’il replonge. Il le savait.
Il essaya de reprendre contenance. Il se secoua et se redressa. Reprendre une allure plus fière l’aidait plus ou moins à reprendre sa place, à se sentir plus fort. Tous les moyens étaient bons pour se reprendre. Même si cela ne provoquait qu’un petit changement, c’était toujours mieux que de se laisser avoir à nouveau par la dépression qui menaçait de l’engloutir encore une fois.
"- Ceux que j’entraînerai avec moi ce sont les loups. Les humains sont loin d’être encore touchés si un seul Alpha tombe. Et puis j’ai des gars très compétents qui peuvent reprendre ma suite."
Pensant que son boulot sauvé des vies humaines, il s’était tué à la tâche. Mais il avait vite réalisé qu’à lui seul, il ne faisait pas grand-chose au final. Il ne faisait qu’aider quelques jeunes loups à ne pas massacrer des villes et des villages. Pourtant, il y avait encore bon nombre d’humains qui se faisaient tuer à cause de loups. Était-ce à cause d’eux que les jeunes loups existaient ? Était-ce une distraction pour détourner l’attention des Alpha et s’amuser ensuite à torturer des villages entiers ?
"- Je suis puissant. C’est un fait. Mais face à une telle situation, je ne suis qu’un vieux loup inutile qui ferait mieux d’aller crever dans un coin."
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10/08/13, 12:08 am
"Je ne te pensais pas du genre à précipiter tes amis, ta famille, dans un gouffre avec toi. Tu les as pourtant protégés quand j'ai voulu les attaquer. Et regarde..." A cause de lui, de sa volonté de protéger ce qui lui était cher, il était devenu ça : cet animal à quatre pattes, pleins de poils bruns et brillants de jeunesse. A cause de ça, Mori vivait avec un autre être en lui, une chose qu'il avait toujours détesté du plus profond de ses entrailles. Il les haïssait et à cause de cela, il avait hérité de cette haine en lui. Motochika n'avait pas hésité à sacrifier ses parties de combats de plaisir contre la sauvegarde de sa famille.
Mori inspira profondément, il ne réalisait pas ce qu'il allait dire et cela allait le tuer avant qu'il ait fini sa phrase.
"En guidant les jeunes loups, tu les empêches de tuer des gens et de faire encore plus de loups. Ce travail ne te convient pas ?" Il encourageait l'Alpha. On aurait tout vu dans ce bas monde... Un chasseur qui aidait sa proie à vivre.
Mais Mori avait malheureusement encore besoin de lui s'il vouait s'assurer que tout était bien dans sa transformation et il voulait pouvoir visiter la meute de l'intérieur. Ce n'était pas le moment de chambouler les émotions de Motochika qui semblait être revenu à la vie.
Motochika n’avait pas conscience de son pouvoir. Il se savait plus fort que les autres de sa meute, mais il était certains que beaucoup d’autres loups le dépassaient et pourraient aisément le remplacer. Même ceux de sa meute seraient assez forts pour contrôler ce qu’il voulait laisser derrière lui. Il n’était qu’un pion dans une hiérarchie qui pouvait aisément disparaître sans que tout l’ordre s’effondre. Il n’était pas indispensable. Bien que la période était mal choisie pour laisser sa place à quelqu’un d’autre, il était persuadé que tout arriverait à se remettre en place sans lui et en un temps record. Il ne pensait vraiment pas avoir une place aussi grande que le laissait entendre Môri.
"- Et je compte les protéger de mon incompétence."
Il n’eut pas la foi de ré expliquer que quelqu’un pouvait très bien prendre sa place s’il quittait tout. A proprement parler, il n’avait pas de famille, juste sa meute. Il était bien trop vieux pour avoir laissé derrière lui des membres de sa famille, qui étaient donc tous morts depuis des années. Et en tant que loup, il ne pouvait plus se reproduire. Il ne pouvait donc plus procréer.
"- Je ne les empêche pas. Je leur apprends à maîtriser le loup. Le reste ce n’est pas mon job. Je n’ai pas le temps de consacrer mon temps à tout ça. j’ai trop de jeunes loups sur les bras. Il faudrait trouver le coupable qui s’amuse à créer une armée de loups pour je ne sais quelle raison à la con."
Il avait planché sur le sujet et n’avait trouvé aucune piste. Même la fille qu’il avait capturé ne voulait rien dire. Elle était muette comme une tombe quand il était question de lâcher des informations utiles et une vraie pipelette sans cervelle quand il fallait dire des trucs sans importance, comme cette amour qu’elle vouait à un homme répondant du nom de Fûma et qui ne devait exister que dans sa tête.
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12/08/13, 10:06 pm
Mori poussa un long et profond soupir, aussi intense que l'était son désespoir et sa déception. Autant dire qu'il allait le chercher tout au fond de son être. Ces histoires de loups, il n'y comprenait rien. Vraiment rien. Et comme son dernier soucis était de faire partie la meute, il ne cherchait pas à comprendre les lois qui régnaient. Mori ne suivait que ses propres règles et il faudrait bien faire comprendre à Motochika quelles étaient celles-ci. Pour le chasseur, l'alpha devant lui était le seul et unique, et cette bestiole devait représenter ses semblables.
"Ecoute moi bien, loup de malheur. Laisse une chance à tes gars de te montrer la bonne voie. Tu es dépassé par les événements, nous allons y remédier."
Dans son apparence de loup, Mori ne savait plus comment retrouver l'usage de ses jambes. Mais de toute manière, il n'avait rien à se mettre sur le dos s'il retrouvait forme humaine. Il attrapa ses affaires tombées à terre, les poussant du museau dans sa petite sacoche. Ce n'était décidément pas évident de se tenir sur les pattes arrières pour essayer de faire des gestes d'humain. Une foit fait, il prit les sangles dans sa gueule et alla pousser de la tête la carcasse argentée de l'alpha.
"Bouge. Amene-moi chez toi." Son oeil doré chercha un repère parmi la forêt pour se repérer. "j'ai peut-etre une piste pour toi. Le jour où tu m'as... Mordu. Il y avait un alpha avant que tu n'arrives. Kanbe. Ce nom te dit quelque chose ?" il n'avait pas parlé de ce loup auparavant car il pensait que ce détail n'était pas nécessaire. La bande de ce loup brun ne semblait pas très organisée alors il devait être facile d'avoir un tas d'indices grâce à eux.
Nous ? « Nous allons y remédier » ? Depuis quand Môri accepté d’être mis dans le même panier que les autres loups, en particulier de Motochika ? Ce dernier ne comprenait pas bien la situation. Il était bel et bien dépassé par les évènements. Il y avait déjà cette surpopulation de loup, qui ne cessait de grandir encore et encore, cette envie de mettre fin à ses jours une bonne fois pour toute et ce « nous ». Il avait dit qu’il prendrait ses responsabilités - il avait bien failli fuir cette décision d’ailleurs - mais il ne comprenait toujours pas ce « nous » qui sonnait plutôt faux à ses oreilles poilues. Le chasseur avait pourtant parlé de laisser les autres montrer la bonne voie à l’Alpha et juste après, il disait « nous ». Se considérait-il comme l’un de la meute pour le moment ? C’était perturbant et intérieurement Motochika fronçant les sourcils.
"- Chez moi ? Ah oui, chez moi."
Il sortit brusquement de son analyse lorsqu’il reçut l’ordre de montrer le chemin. N’étant pas enclin à obéir, le Borgne décida de faire mariner un peu son compagnon de route. C’était le loup qui décidait ce genre d’initiative. Motochika suivait, se disant que son loup était meilleur commandant que lui lorsqu’il s’agissait de montrer qui décidait et qui régnait sur la meute.
"- Une piste ?" Surpris, il s’assit, penchant la tête sur le côté alors qu’il répétait le nom de « Kanbe » dans sa tête. Il en avait entendu parler. Il le connaissait. Il l’avait combattu. Il s’en souvenait. Il traquait la piste d’un jeune loup lorsqu’il était tombé sur un groupe d’humains dont Môri et de loups. Il y avait Kanbe parmi eux.
"- Donc Kanbe serait à l’origine de cette surpopulation non voulue… Non. C’est peu probable. Il doit obéir à quelqu’un d’autres. Mais à l’heure qu’il est il doit être terrer assez loin le temps qu’on oublie son existence."
L’Alpha ne savait pas si c’était propre à lui ou si tout le monde était dans son cas, mais Kanbe lui échappait souvent de la tête. Il ne portait aucun intérêt à ce loup faiblard. Il n’était pas aussi faible que cela mais il le trouvait tellement pitoyable et maladroit qu’il n’avait même pas envie de faire attention à lui. Il y avait tellement d’autres personnes plus intéressantes autour de lui.
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16/08/13, 09:59 pm
Enfin, l'Alpha semblait se remettre à réfléchir. Ce n'était pas un mal. Il semblait toujours en plein combat intérieur, ne sachant apparemment toujours pas quoi faire de sa vie même si un petit éclair avait repris sa place dans ses prunelles. Mori se sentit ragaillardi. Il retrouvait presque son adversaire de toujours. Ce n'était pas encore lui et il allait devoir mettre les bouchées doubles, mais il revenait. De toute façon pour lui, l'Alpha n'avait d'autre choix que de revenir lui-même, sans quoi sn enquête au sein de la meute ne pourrait jamais commencer. Et l'opportunité était trop belle la laisser s'échapper. Alors il remettrait le loup sur ses quatre pattes, qu'il doive faire le sacrifice de se fondre dans la masse canines pour cela, et il récolterait toutes les informations nécessaires à leur chute.
"Je ne pense pas qu'il soit à l'origine de cela non plus. Mais si on le retrouve, on aura le responsable. Il est un simple pion sur l'échiquier." Mori avait remarqué cela quand il avait rencontré l'Alpha. Cet homme paraissait totalement... perdu. Inintéressant. Sinon sa force brute, il ne semblait pouvoir faire aucun mal de son propre chef. La poisse qui semblait aussi le suivre paraissait être un bon avantage pour eux. Si jamais ils arrivaient à mettre la main dessus, nul doute qu'ils arriveraient à lui tirer les vers du nez. Et sa bande de petits loups ne semblait pas mieux que lui niveau quotient intellectuel. La somme de leurs points e devait même pas atteindre la moitié du sien... Celui qui les utilisait était intelligent et ne leur avait surement rien donné comme informations capitales, mais ils devaient surement au moins connaître son nom.
Et trouver leur planque ne serait pas un mal pour leur enquête non plus. Si Mori avait la possibilité de mettre les pieds là bas, il pourrait non seulement faire un peu de ménage mais récolter d'autres informations sur les types de meute pouvait exister. Les loups n'étaient pas tous des monstres dénués de sens, il devait alors exister différent mode de cohabitation, de meute.
Le problème était que dans leur organisation, ils n'avaient que trop peu d'information à ce sujet. Ils n'arrivaient pas souvent à capturer un loup vivant, ceux-ci préférant se laisser tuer que de se vendre à leur ennemi. C'était tout à fait louable mais franchement un inconvénient pour l'organisation. Ils avaient du coup un franc handicap contre les loups, ne sachant que trop peu comment ils s'organisaient.
Un pion ? Il en avait déjà un à disposition. Et en une bonne semaine, il n’avait rien réussi à soutirer comme information à ce dernier. Il était coriace. Ou plutôt, elle était coriace. Sans oublier têtue, agaçante, énervante et tellement d’autres qualitatifs péjoratifs que Motochika se voyait mal tout énumérer sans y passer sa journée ou arriver à manque d’adjectifs vu son vocabulaire assez restreint comparé à d’autres. Il avait tellement mieux à faire et aussi de plus important. Pouvait-on comparer la culture générale à la survie générale du monde ? Impossible. Il n’avait donc aucune chance d’améliorer sa culture si les gens étaient en danger.
"- Il parlera peut-être facilement, lui."
L’Alpha avait sorti cette réplique plus pour lui que pour Môri. Le chasseur n’était pas au courant de la jeune louve que la meute du Borgne avait capturé et empêché de faire un terrible massacre dans un village. Il ne savait pas non plus qu’elle était un élément clé mais qu’elle était tellement casse pied qu’aucun loup n’arrivait à la supporter assez longtemps. Ce n’était pas elle qui craquait mais ses gardes.
Les femmes pouvaient se montrer terribles.
"- Je le trouverai jamais."
Soudainement, une pensée très négative lui traversa l’esprit et il eut, de nouveau, envie de finir six pieds sous terre. Môri allait devoir avoir des nerfs d’acier pour supporter les baisses de morale de l’Alpha et être assez motivé et futé pour lui redonner espoir s’il ne voulait pas le voir se tuer pour de bon.
Il n’y avait pas que les femmes qui étaient terribles.
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17/08/13, 02:06 am
Mori eut un sourire dédaigneux. "Il ne fera que ça, si on l'appâte comme il faut."
Le chasseur était capable de sentir quand les gens allaient pouvoir lui être utile ou non. Il avait développé cette sorte de don avec l'habitude de son mépris de ses semblables. Pour arriver à ses buts, il n'espérait pas de la coopération mais seulement de l'obéissance. Peu de personnes suivait ce schéma et il entendait souvent Yukimura lui glisser qu'il ferait bien de changer d'optique, qu'il n'était pas gentil et que ça ne se faisait pas. Mais Mori en avait bien rien à faire. Si la personne devant lui pouvait lui être utile d'une quelconque manière, alors il n'allait pas passer à côté de ça et allait utiliser tout le potentiel de celui-là, jusqu'à même le tuer.
"Tu vas pas recommencer..." Mori soupira, maugréant.
Il n'empêche que le loup avait un point. Ils connaissaient son nom mais pas l'emplacement de sa meute. Il leur faudrait retourner dans les terres plus au sud, là où ils l'avaient rencontrés une semaine plus tôt. Mais ce n'était pas évident, il y avait de grandes chances que l'Alpha ait décampé depuis ce jour...
"Jusqu'où s'étend ton territoire ?"
Si les chasseurs avaient bien appris une chose, c'est que les loups allaient peu souvent sur les territoires occupés par d'autres. Ils risquaient tellement gros s'ils bafouaient cela qu'ils évitaient d'y mettre une patte. Si Mori intégrait le territoire de Motochika dont il n'arrivait pas à connaître les frontières exactes à ce qu'il savait, peut-être arriverait-il à recouper le tout et pourrait localiser plus ou moins la meute de cet Alpha poisseux.
Ne pas recommencer ? C’était impossible. Motochika avait bien réussi à éviter le pire et à retrouver un tant soit peu ses esprits. Mais il restait un loup à surveiller qui risquait de replonger d’une seconde à l’autre à cause d’un événement, d’une parole ou d’une simple pensée. Cela risquait d’être dur de le baby-sitter. Il était un Alpha et le faire obéir n’était pas chose aisée, surtout quand on était un loup en dessous de lui dans la hiérarchie. Môri était sans doute le mieux placé pour s’y coller puisqu’il n’en avait rien à faire de tout ça et qu’il avait encore besoin du Borgne.
Baissé, le museau touchant le sol et les pattes posaient dessus, l loup argenté faisait de son mieux pour réprimer cette horrible envie d’aller faire un plongeon mortel dans le fleuve à côté. Il ne pensait pas être arrivé au bout du rouleau aussi rapidement. Il avait toujours pensé qu’il s’en irait simplement. La réalité était toujours différente et toujours plus dure. Il était frappé par son esprit si faible qui ne pouvait lutter contre une telle envie de suicide. C’en était presque irréel à ses yeux.
"- Loin."
La précision de l’Alpha était impressionnante. Mais sans carte, il n’arrivait pas à grand-chose. Il se dirigeait par l’instinct et le flair. Il n’avait pas besoin de poser des noms précis pour savoir jusqu’où son territoire s’étendait et où étaient les autres. Il avait donc besoin d’une carte pour montrer à Môri comment étaient découpés les différents territoires des loups. Plus ils étaient puissants et plus les terres étaient étendues. Motochika était puissant mais il n’était pas le plus puissant. Il y avait des chefs qui le surpassaient de beaucoup et leurs territoires étaient là pour le rappeler. Mais le Borgne n’avait jamais aimé ce genre de conquête. Il avait juste les terres dont il avait besoin pour faire vivre sa meute correctement.
Il se redressa, s’ébouriffa pour faire partir la poussière qui avait osé souiller sa magnifique fourrure et se mit en route. Il devait rentrer chez lui. Au sein de sa meute. Il devait s’éloigner de ce fleuve qui le tentait avec des idées négatives et sinistres.
"- Je te montrerai une fois chez moi."
Lily-Rose
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19/08/13, 09:53 pm
L'exaspération de Mori ne pouvait pas être plus visible qu'à ce moment là. Il fallait croire que ce loup lui faisait tomber tous ses masques les uns après les autres. Au départ, la colère et la rage, maintenant la désolation et la lassitude. Bientôt ce serait quoi ? Il espérait qu'il ne se mette pas à rire face à lui. C'étaient une chose qu'il ne faisait jamais d'ailleurs. Rire, quelle drôle d'idée. Rien n'était amusant dans ce bas monde sinon quand Yukimura faisait des étourderies plus grosses que lui. Ce qu'il faisait relativement souvent mais il se maîtrisait assez bien pour ne rien montrer de son amusement.
Enfin, au moins il savait à quoi s'en tenir. C'était grand. Mais bon il le savait déjà. Motochika était désespérant quand il était dans cet état. Il espérait qu'une fois cet état passé, plus jamais il ne redeviendrait ainsi parce qu'il commençait à retrouver son envie de le tuer. Ou plutôt, elle devenait plus forte.
"J'espère bien," répondit Mori. Il hésitait à tenter de lui faire promettre la chose. Le loup se montrait toujours si catégorique quand il se disait tenir ses promesses, alors s'il tentait ceci, peut-être était-il sûr qu'ils rentreraient bien sans autres détours ?
Ce fut sans un mot que Motochika amena Môri jusqu’à son quartier général. Il n’avait rien à dire et était bien trop occupé à lutter dans sa tête pour essayer de trouver un sujet de conversation. S’il avait été dans son état normal, déjà il n’aurait pas été contraint d’amener Môri jusqu’ici, il aurait tenté de trouver un sujet qui aurait ennuyé le brun plus que tout. Il aimait l’exaspérer, mais dans le bon sens. Là, il l’exaspérait quand même mais plutôt dans le mauvais sens du terme. Il devait se reprendre s’il voulait pouvoir retrouver une relation normale. Mais l’envie n’était pas là et il continuait à penser que mourir était la meilleure des solutions.
"- Évite de te montrer trop hargneux envers moi sinon tu risques de passer un sale quart d’heure."
Les loups de la meute du Borgne n’acceptaient pas qu’un étranger dise du mal de leur chef. Celui-ci semblait presque tout représentait pour eux. C’était presque un Dieu. Mais Motochika se voyait plus comme un grand frère qui s’occupait de ses cadets et gérait la famille pour éviter qu’il y ait des soucis.
Essayant de garder contenance, il avança d’un pas souple mais déterminé vers l’entrée du repaire. Il ne devait pas laisser les autres le voir dans un état lamentable. C’était déjà la panique, il ne devait pas en rajouter une couche. Il n’avait pas besoin d’amener plus de souci, même si lutter contre une telle envie était dure.
"- J’ai une carte dans mon bureau", Dit-il l’air de rien pour éviter de trop penser. Il devait se concentrer sur la mission actuelle. Il ne devait plus penser qu’à ça et rien qu’à ça. Heureusement que Môri n’avait pas voulu l’abandonner. Même s’il y avait une chance qu’il le trahisse par derrière, l’Alpha devait avouer qu’il n’était pas mécontent d’avoir réussi à arriver vivant jusque là. Seul, il n’aurait jamais pu aller si loin. Il aurait sûrement fini à moitié mort de faim avant que ses gars ne le retrouvent ou il aurait fini au fond d’un fleuve pour être sûr que la Mort l’emporterait bien avec elle une bonne fois pour toute.
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22/08/13, 09:28 pm
"Voyez-vous ça..."
Mori ne se serait pas douté qu'ils râleraient, dis donc. Le nombre de fois où ils les avaient rencontrés et qu'il avait pesté après eux, surtout après l'Alpha, il avait souvent été rabroué méchamment. Les loups, surtout ceux-là, n'aimaient pas qu'on manque de respect envers leur Alpha. C'était une atteinte à leurs valeurs et ils étaient souvent prêts à sauter à la gorge de l'offenseur. Si le chasseur l'avait pu, il aurait haussé les épaules pour montrer son indifférence devant cette mise en garde. Franchement, il savait plus ou moins à quoi s'attendre et sachant qu'il était en territoire ennemi, il se garderait forcément bien de faire des remarques déplacées. Il n'avait pas envie de mourir là, pas alors qu'il avait tant à faire.
Le chemin se dégagea un peu de ses nombreux arbres et Mori crut apercevoir quelque chose de vraiment anodin... en plein milieu de cette clairière. IL avait devant lui, après quelques pas de loups, une énorme entrée des plus bizarroïdes. Il ne savait pas s'il devait qualifier cela de faute de goût ou d'un intérêt particulièrement glauque. Ses nouveaux yeux dorés fixèrent avec incompréhension l'énorme requin qui faisait office de... décoration de porte d'entrée. Qu'est-ce que c'était que ceci ? Il regarda autour, il ne voyait aucunement la mer autour d'eux. Et surtout... comment ils arrivaient à le garder en état, là ? Il était empaillé ? Où est-ce donc qu'il allait foutre les pattes ?
"J'espère que l'intérieur n'est pas comme ça..." dit-il plus pour lui-même qu'autre chose. Mori n'aimait pas ce genre de décorations singulières. Il était pour la sobriété et la normalité. Sa chambre devait être la plus ennuyeuse du monde pour quelqu'un comme l'Alpha alors...
"Montre donc," répondit-il finalement à l'Alpha. Il était assez impatient de découvrir l'intérieur.
La vision de l’entrée de son repaire lui fit un bien fou. Rien que la vue du requin qu’il avait fait placer au dessus de l’immense porte qui menait non pas à la base, mais à un long dédale parsemé de pièges. Les gens qui avaient osé s’y aventurer avaient toujours fini par se rendre, perdant complètement la tête à force de tourner en rond. Motochika en était fier. C’était ses idées. Il avait toujours apprécié bricoler. Les quelques machines entassées dans une des pièces pouvaient en témoigner. Il n’avait juste plus de temps à s’y consacrer. Le requin, qui n’avait rien à voir avec les machines, était là pour lui donner un petit côté pirate. S’il n’avait pas été loup garou, il aurait bien aimé troquer sa vie contre une vie de pirates où il passerait son temps à parcourir les mers à la recherche de trésors et non à essayer de sauver l’équilibre précaire entre les trois clans.
"- Rien de mieux que la vue de ce monstre marin pour vous donner force et courage ! Il m’a résisté un moment mais je l’ai eu et j’en suis fier."
L’Alpha donnait l’impression que rien ne s’était passé, qu’il n’avait jamais eu envie de mettre fin à ses jours. La vue de la bestiole lui avait redonné du courage comme il venait de le dire. Mais il ne fallait pas penser que son état dépressif avait disparu pour de bon. C’était impossible. Motochika n’avait pas encore retrouvé un sens à sa vie. Il en avait plusieurs à sa disposition, mais il devait trouver LE sens qui lui redonnerait goût à la vie. Cela pouvait être tout et n’importe quoi, ce qui ne faciliterait pas la tâche.
"- Allez suis-moi et fais attention où tu mets les pattes."
Motochika salua les deux loups à l’entrée avant de s’enfoncer dans le dédale de pièges. Chaque loup de la meute connaissait par cœur les lieux et pouvaient se balader sans s’y perdre. Le Borgne n’avait pas installé tout ça seulement pour son plaisir. Il y avait vu un côté pratique. Les jeunes loups qui arrivaient à s’échapper de leur « cage » finissaient par se calmer et abandonner la fuite à force de tourner en rond dans ses longs couloirs ou finissaient piégés tout bêtement. C’était l’endroit idéal pour garder en captivité les jeunes loups à apprivoiser. Surtout ces derniers temps puisqu’ils devaient plus nombreux que les loups de la meute du borgne.
"- Alors qu’est-ce que tu en dis ? C’est classe, non ?"
Lily-Rose
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24/08/13, 02:19 pm
La blague. Force et courage alors qu'il déprimait comme un sale chien ? Motochika était mal placé pour parler à ce moment là parce que si cela était vrai, alors il aurait été censé regagner tout ce qu'il avait perdu d'intérêt. Il se fichait de lui. En plus, ce requin ne donnait certainement pas courage. C'était plutôt glauque, étrange, flippant. Un requin... on avait pas idée. Ce devait être une lubie de lycan qu'il ne comprenait pas. Encore une. Mori décida au final d'ignorer l'étrange animal sur la porte et suivit silencieusement Motochika. S'il avait le malheur d'exprimer ses idées, il aurait double de problèmes car autant ses petits chiens voudraient lui faire la peau, autant l'Alpha se remettrait à déprimer. Et il n'avait pas envie de ceci.
Le chasseur notait tout du moins qu'il semblait avoir repris du poil de la bête. Mais vu comment il n'arrêtait pas d'osciller, il lui fallait mieux faire attention.
Mori put ainsi découvrir l'antre de Motochika Chosokabe. IL fut tout d'abord impressionné par la construction. Les loups savaient se débrouiller avec les moyens du bord. L'intérieur était tout de bois, intimidant. Il repérait ici et là des mécanismes qui se voulaient dissimulés. Il n'était pas certain qu'il aurait pu les voir s'il avait été complètement humain. Mais grâce à la vue de ses yeux dorés, il arrivait à voir la petite partie métallique, cachée sous les lattes de bois, un petit interstice lui permettait de percevoir le reflet du soleil. Et ce piège là n'était pas le seul. L'endroit en était truffé. Les loups avaient des secrets à garder, apparemment...
Par habitude, le chasseur se mit à imprimer les lieux dans sa mémoire. Il retint le chemin qu'ils empruntèrent, non sans regarder aux alentours.
"Je n'irai pas jusqu'à dire cela, mais c'est un endroit intéressant..." répondit Mori. Le ton de voix de Motochika sembait être celui qu'il avait toujours connu.
"- Intéressant est un qualificatif bien trop faible pour qualifier ce petit bijou !", s’exclama le loup vexé qu’on ne lui montre pas plus d’admiration. Il avait tout fait seul. Il avait juste emprunté, de temps en temps, quelques uns de ses hommes pour l’aider à monter certaines parties. Il avait vu les choses en grand et même s’il possédait une force incroyable, il n’avait pas pu tout monter sans aide. Il en était fier. C’était son bébé. Et il avait encore plein de projets pour lui. Il avait même l’espoir de le faire devenir une sorte d’île bateau, mais ce projet semblait un peu trop surréaliste et il déprimait toujours en se disant qu’il n’arriverait jamais à le faire naître.
"- Sans moi tu n’aurais pas trouvé ton chemin, enfin pas avant un bon moment."
Motochika entraîna Môri dans de nombreux couloirs. C’était un véritable dédale et même l’Alpha n’avait pas de technique pour avoir des raccourcis sans offrir une chance aux autres de s’échapper. Il avait donc laissé tomber les portes secrètes et se disait que cela lui faisait un peu d’exercice quand il n’avait pas le temps de sortir pour aller courir dans la forêt.
"- Nous y voilà", dit-il simplement avant d’ouvrir la porte en se mettant sur ses pattes arrières. Il poussa la porte et laissa Môri entrer. Il décida qu’il était temps pour lui de prendre forme humaine. Un de ses hommes n’était pas très loin et si Môri tentait la moindre action contre lui, il n’irait pas bien loin. Il s’installa donc derrière son bureau et entreprit de reprendre sa forme humaine. Ses os craquèrent, il grimaça intérieurement sans laisser le moindre cri ou grognement franchir ses lèvres. Il était assez puissant pour ne pas se montrer trop faible et douillet.
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