[Sengoku Basara] [UA] [T] Love by bites

"- Intéressant est un qualificatif bien trop faible pour qualifier ce petit bijou !", s’exclama le loup vexé qu’on ne lui montre pas plus d’admiration. Il avait tout fait seul. Il avait juste emprunté, de temps en temps, quelques uns de ses hommes pour l’aider à monter certaines parties. Il avait vu les choses en grand et même s’il possédait une force incroyable, il n’avait pas pu tout monter sans aide. Il en était fier. C’était son bébé. Et il avait encore plein de projets pour lui. Il avait même l’espoir de le faire devenir une sorte d’île bateau, mais ce projet semblait un peu trop surréaliste et il déprimait toujours en se disant qu’il n’arriverait jamais à le faire naître.

"- Sans moi tu n’aurais pas trouvé ton chemin, enfin pas avant un bon moment."

Motochika entraîna Môri dans de nombreux couloirs. C’était un véritable dédale et même l’Alpha n’avait pas de technique pour avoir des raccourcis sans offrir une chance aux autres de s’échapper. Il avait donc laissé tomber les portes secrètes et se disait que cela lui faisait un peu d’exercice quand il n’avait pas le temps de sortir pour aller courir dans la forêt.

"- Nous y voilà", dit-il simplement avant d’ouvrir la porte en se mettant sur ses pattes arrières. Il poussa la porte et laissa Môri entrer. Il décida qu’il était temps pour lui de prendre forme humaine. Un de ses hommes n’était pas très loin et si Môri tentait la moindre action contre lui, il n’irait pas bien loin. Il s’installa donc derrière son bureau et entreprit de reprendre sa forme humaine. Ses os craquèrent, il grimaça intérieurement sans laisser le moindre cri ou grognement franchir ses lèvres. Il était assez puissant pour ne pas se montrer trop faible et douillet.

Un bijou qui gardait des monstres. Mori ne perdait pas le nord. Quand bien même l'Alpha appréciait son antre, pour le chasseur ce n'était qu'un repère infâme dans lequel il devait rester sur ses gardes et se retenir de céder à la rage à l'intérieur de lui. Alors il ne donnerait pas plus de compliments. Et il préférait garder ce qu'il pensait, parce qu'il n'était pas en position de se défendre. Et hors de question de se faire tuer par un loup. Enfin cela, il l'avait assez répété pour lui-même. Et l'Alpha devait bien l'avoir également imprimé.

"Je ne le nie pas. Il n'empêche que tu as fait entrer un chasseur entre tes murs..." Maintenant qu'il savait comment y venir, rien ne l'empêchait de fuir et de rejoindre le quartier. A moins que la menace de voir son clan tué et détruit donne les forces suffisantes à l'Alpha de retrouver sa condition originelle ? Il ne voulait pas s'y risquer mais il en était toujours capable. Néanmoins sa propre condition de loup l'empêchait réellement de retrouver les siens. Il allait finir en cobaye vivant pour ses supérieurs, très peu pour lui.

Il semblait à Mori que le chemin pour aller jusqu'aux bureaux de Motochika était interminable. S'il ne faisait pas attention, il risquait de se perdre. Ils prirent à droite, puis à gauche, prirent des escaliers pour ensuite passer sous un petit pont... Bon sang, c'était grand ! Et il avait construit cela ? Cela étonnait le chasseur que le cerveau de l'Alpha soit assez développé pour imaginer ce labyrinthe.

Le chasseur entra à la suite du loup dans les locaux de celui-ci. Ses yeux décrivirent la pièce en une fraction de seconde et ce qu'il vit en priorité, ce fut les cadavres de bouteilles d'alcool. Il se rappelait qu'il était arrivé presque ivre, ce devait être tout cet alcool qui avait dû l'aider à déprimer si fort. IL avait l'alcool triste... ses hommes devraient faire attention et éviter qu'il ait accès à toutes ces bouteilles.
La voix du loup qui vivait en lui hurla au moment où il entendit les premiers craquements de la retransformation. C'était une chance, une magnifique opportunité qu'il avait là mais il sentait la présence des autres loups de la meute qui les avaient suivi quand ils les avaient croisé, curieux de voir un nouveau venu avec une odeur qu'il connaissait peut-être. Mori avait entendu des murmures divers à propos de sa présence ici. Ses armes de chasseurs visibles n'étaient pas les bienvenues ici et donc lui par extension, bien qu'on trouve bizarre qu'un chasseur ait une forme de loup.

De nouveaux craquements le fit regarder sa propre condition. Il devrait bien reprendre forme humaine un jour mais il ne savait pas encore comment faire, surtout alors que la Bête lui demandait de profiter de chance. Ils étaient en légers désaccord ce qui fit qu'il ne pouvait pas se laisser aller à changer d'apparence. Et s'il était dans le même état d'invulnérabilité que l'Alpha pendant sa transformation. Il ne pouvait pas faire confiance en ces loups alors tant pis, il resterait ainsi.

Beaucoup de jeunes loups finissaient hors d’haleine une fois la transformation en humain était terminée. Mais Motochika avait des années d’expériences et maîtrisait parfaitement les changements de ce genre. Il fut donc sur pied en un temps record, ou presque -certains Alpha étant plus puissants que lui et donc plus rapides encore que lui, et s’étira légèrement pour bien se remettre en condition humaine. Il entendit à nouveau ses os craquer, mais comparés aux craquements précédents ce n’était rien. C’était même une bonne chose.

"- Tu devrais reprendre forme humaine, tu sais. On risque d’avoir du mal à communiquer et tu te sentiras sûrement plus à ton aise."

L’Alpha sortit de derrière son bureau, nu comme un ver, et se dirigea vers un placard derrière le hamac qui pendait depuis le plafond. Il l’ouvrit, offrant une vue sur ses fesses à quiconque entrerait dans la pièce. Être pudique ne faisait plus partie du langage lorsque les humains devaient des loups. Il apprenait rapidement à faire avec ce petit souci de vêtements. En plus, la plupart se sentaient bien plus libres à force de se balader nus ou sous forme poilue. Mais par respect pour la société actuelle, ils s’habillaient comme ils l’avaient toujours fait auparavant. Motochika sortit ainsi de quoi se vêtir. Il enfila un boxer noir, un pantalon violet et son bandeau. Ce n’était pas parce qu’il craignait la réaction des autres. Ils avaient tous vu des choses bien pires. C’était pour lui. Il craignait de voir remonter les souvenirs de cette vieille blessure qui le hantait depuis des années.

"- Je te laisse même la possibilité d’aller d’enfermer dans la salle de bain au bout du couloir si tu veux."

Motochika enfila tant bien que mal son bandeau. Il avait beau avoir l’habitude de le porter, le mettre n’était pas toujours des plus évident. Mais il refusait de se placer devant une glace. Il n’était pas question de voir l’état de cette vieille marque qu’on lui avait faite. Il ne supporterait pas la vue. Il savait qu’il retomberait en état dépressif dès qu’il l’apercevrait. Il devait éviter de finir à nouveau comme une vieille carpette au sol. Ses loups avaient besoin de lui. Il devait juste trouver un remplaçant rapidement avant de retomber en dépression, ce qui arriverait forcément à un moment ou un autre. Aucun loup n’avait échappé à la mort après avoir commencé à entrer en dépression. Aucun.

Si l'Alpha voulait communiquer, il aurait simplement du rester en forme de loup, non ? Il était bien, comme ça... Mori leva les yeux au ciel devant ses propres réflexions ennuyantes. S'il avait voulu reprendre forme humaine, il l'aurait fait ! Il aurait ainsi pu tenir ses armes et se sentir protéger dans cet antre à monstres. Seulement voilà. Il n'arrivait pas trouver la tactique pour le faire. Il avait beau parler avec la Bête en lui, il n'arrivait à rien, ou plutôt celle-ci ne lui cédait rien. Il était bloqué, dans cette forme... à cause de Motochika encore une fois.

Ses yeux disaient au chef de meute qu'il aimerait bien pouvoir satisfaire sa requête, rien que pour lui-même , mais que là, cela allait être difficile.

Le voir sortir de derrière son bureau aussi nu qu'au premier jour le désespéra. Décidément cet homme n'avait aucune pudeur. Il avait beau pouvoir se le permettre, il se demandait s'il n'y avait pas un minimum de délicatesse à avoir, chez les loups, quand on était en présence de non habitués. Puis même, devant n'importe qui !
Depuis la première fois, réellement, Mori eut le temps d'apercevoir l'étendu de la cicatrice sur l'oeil de l'argenté. Ce n'était pas une blessure vraiment belle à voir. Il n'était pas celui qui l'avait commise mais il se demandait comment il avait bien pu l'obtenir. Si c'était quelqu'un, il espérait pouvoir le rencontrer pour lui demander comment il avait fait pour rater sa cible. Il aurait pu tuer l'Alpha tout de même et ne pas faire le travail à moitié.

L'Alpha resta un moment bloqué devant le jeune loup à ses côtés. La communication était plus difficile que lorsqu'ils étaient tous les deux sous la même forme. Motochika était même connu pour ne pas être très doué pour interpréter les signes. C'était même sûrement pour cette raison qu'il n'avait jamais réussi à garder la moindre relation sérieuse sans exaspérer ses partenaires. Il avait testé plusieurs fois avec des femmes. Jamais avec des hommes. Ce qui ne l'avait pas empêché de tester rien que pour une soirée depuis le temps qu'il était dans ce monde.

"- Oh ça y est, j'ai pigé, t'es coincé! T'es pas en accord avec ton loup alors t'es coincé! "

Un fou rire prit le borgne en voyant son ennemi  aussi perdu. Il le voyait assez teigneux pour s'en sortir et reprendre forme humaine quand il le voulait. Il avait fait preuve d'assez de force pour se transformer rapidement et bloquer l'Alpha avant qu'il ne commette l'irréparable. En repensant à ce moment, Motochika s'arrêta net de rire et lâcha un bref soupir. De quel droit se moquait-il de la personne qui l'avait secouru au risque de se retrouver coincé sous la forme qu'elle détestait le plus ? Cette même personne avait permis d'éviter la pagaille complète dans toute une meute. Il n'avait pas le droit de rire. Il devait se montrer reconnaissant et trouver un moyen de l'aider pour le remercier.

"- Pardon. Je devrais pas rire. C'est normal d'avoir du mal au début. Faut que je trouve un moyen de t'aider... Mais là j'ai du mal à voir comment j'avais fait et comment je m'en sors."

Pour l'Alpha c'était une habitude à laquelle il ne pensait plus. C'était comme quand on demandait à quelqu'un qui conduisait depuis des années s'il gardait les mains sur le haut du volant ou avait tendance à se relaxer à ce niveau alors qu'il n'était pas devant son volant au moment de la question. Comment répondre à une chose pareille ? Et encore, Motochika n'était pas sûr de pouvoir l'expliquer. Il pensait tout de même que cela avait un rapport avec le fait que Môri n'acceptait pas cette forme de loup et qu'il n'était pas en pleine connexion comme le borgne l'était avec son propre loup.

Le silence qui suivit rendit mal à l'aise Mori qui se garda bien de montrer cet état fébril à l'Alpha. Il resta fièrement sur ses pattes avant, levant le museau devant lui. Ses oreilles bougeaient pour se détourner de l'écho de voix de l'homme. Puis les rires suivirent et il retroussa les babines, montrant sa colère. Il n'allait rien faire mais il voulait faire comprendre à Motochika que jouer avec ses nerfs, c'était très peu pour lui.

Sa suivante confession le calma instantanément. Au moins il avait de l'honneur. Cela le suprris même plus que ce qu'il croyait. Il expira bruyament, montrant ainsi sa frustration. Il était exaspéré de son incapacité à retrouver forme humaine comme il le souhaiterait. Et là, Motochika lui disait clairement qu'il ne lui était d'aucune aide. Il rageait. Pourquoi ne pouvait-il pas se faire humain par un simple claquement de doigts ? Ce serait tellement plus simple. Les loups étaient des choses désagréables. Et quand même bien il en était à présent un, il ne les trouvait pas plus attendrissant.

Agacé contre lui-même et l'autre loup, Mori se coucha, fermant les paupières. Il allait essayer de trouver un accord avec son loup intérieur. Il n'avait pas d'autres choix. La première fois, cela avait fait ainsi et la Bête l'avait laissée faire sans problème. Mais à ce moment présent, elle refusait de laisser à Mori le choix de pouvoir librement s'exprimer. Elle guêtait un moment cruxial, chez l'Alpha, pour pouvoir l'attaquer. Et le chasseur faisait de son mieux pour l'en empêcher, sachant très bien que sa vie était en jeu.

"Trouve..." se disait-il.

Motochika comprit aisément que Môri était frustré d'être bloqué et de ne pas avoir de solution miracle de la part de l'Alpha. Mais c'était au jeune loup de trouver un moyen de s'accorder avec la bête en lui pour réussir à partager le corps. C'était peut-être celui du chasseur à la base, mais un loup était très dominant et arrivait en un clin d'oeil à prendre le contrôle si l'humain n'était pas assez résistant. Dans ces cas-là, il n'y avait pas d'autre choix que de tuer la personne pour éviter que la population en souffre trop. Môri était cependant assez fort pour éviter cela et finir par réussir à redevenir lui-même.

"- Bon, je vais te laisser un peu d'espace. Si je ne suis pas dans tes pattes, ça ira mieux", Dit-il en attrapant un haut à enfiler avant de sortir. Il fit signe à ses gars de rester pas loin du bureau pour être sûr que ça irait pour Môri. S'il y avait un souci, il préférait être prévenu dans la seconde qui suivait pour venir en aide à temps. Il était de nouveau submergé par la quantité de travail qu'il avait à accomplir et était donc bien trop occupé pour se dire que Môri pourrait fouiller son bureau et tomber sur des choses compromettantes. Le point positif, c'était que Motochika n'était pas quelqu'un de sérieux et n'avait pas grand chose de secret dans ses tiroirs. Il y avait surtout des tonnes de plans incompréhensibles pour le commun des mortels et des vêtements cachés partout.

Le borgne se dirigea vers une salle bien précise. Il s'occuperait des autres jeunes loups plus tard. Il devait stopper la propagation le plus vite possible. Pour cela, il devait obtenir des informations de la jeune fille. Elle était la seule qu'il avait réussi à choper et qui était consciente de ce qu'elle faisait. Elle devait donc avoir des informations à lui donner, si elle acceptait enfin de délier sa langue pour ça.

"- Alors, toujours aussi têtue ?
- Cause toujours tu m'intéresses, le vieux!
- On sent l'amour que tu me portes à des kilomètres. Mais si tu veux qu'on te traite mieux que ça, tu sais ce qui te reste à faire."

La jeune fille lui offrit un regard noir en pinçant les lèvres. La discussion allait être la même qu'avant. Il en était persuadé. Elle était tenace. Elle faisait un bon officier. Mais elle devait avoir une faiblesse et Motochika comptait bien la découvrir pour l'exploiter. Ce n'était pas dans ses habitudes, il détestait ce genre de coup bas, mais il n'avait plus le choix.

Mori regarda le loup se retirer du bureau. Il n'avait vraiment pas peur de lui ? Il lui faisait confiance ou quoi ? C'était son bureau, il devait y avoir plusieurs choses intéressantes à voir, à découvrir, à voler ? De ses yeux dorés, le nouveau loup fit le tour du propriétaire. Il n'apercevait pour le moment que des cadavres de bouteilles, des feuilles éparpillées, du tissu ici et là... c'était un bordel monstre. Comment pouvait-il même arriver à vivre ici ? Ce n'était certainement pas sain. Il n'arrivait même pas à comprendre comment il pouvait vivre sans la lumière du jour. Il n'y avait aucune fenêtre...

Mais maintenant qu'il retrouvait la solitude, Mori entendit l'âme du loup intérieur lui hurler après. Il était en colère, il comprenait ce qu'il pensait mais il n'avait pas intégré le plan du chasseur apparemment. Il gronda, faisant comprendre à la Bête qu'il serait plus intéressant pour elle de fermer son museau. Il avait compris qu'il devait se montrer ferme face à elle. Il s'était allé quelques temps plus tôt, contre Motochika et cette explosion de colère l'avait fait se transformer. Heureusement qu'il avait quelques affaires dans son sac qui lui permettaietn de se revêtir convenablement si cela arrivait.

Il soupira de frustration encoreu ne fois. Comment faire pour revenir à un accord avec sa bête ? Il ignorait ses paroles et essayait de forcer sa voix à se surpasser la sienne. Il finirait bien par y arriver.

Et ce fut après quelques minutes, alors qu'il s'était décidé à fouiller la pièce de sa forme de loup qu'il trouva la raison de sa trasnformation. Parmi les feuilles éparpillées sur le bureau de l'Alpha, il avait vu quelque chose d'intéressant, d'inquiétant, de curieux. Il ne sut comment cela se produisit mais la douleur qui l'irradia dnas tous ses os le força au calme et l'épuisa pendant de bonnes minutes. Autant la transformation en loup était plus douce, celle pour redevenir humain était un calvaire. Surement à cause de la résistance dont faisait preuve la Bête.

Mori retrouva ses mains, son ouie habituelle, sa vue normale... bref, son corps. Il put alors enfin prendre entre ses doigts les feuilles qui l'avaient interpellé. Il ne comprenait pas. C'étaient des plans ? Des plans pour quoi ? C'était louche. Il n'arrivait pas à comprendre le trait de crayon du loup...

Il abandonna. IL comprendrait bien un jour en voyant le résultat. Si c'était une menace pour les humains, il ferait en sorte de faire capoter la chose. Là c'était juste incompréhensible et pouvait très bien être un simple jeu pour enfants. Après tout, l'Alpha n'était pas spécialement sérieux.

UNe fois rhabillé convenablement de se tenue de chasseur et ses armes cachées dans ses habits (il ne fallat pas rendre les loups trop hostiles à son égard et il ne pouvait pas sortir sans être un minimum protégé) il ouvrit la porte du bureau et surpris les deux loups qui étaient posté devant.

"Où est votre chef ?" leur demanda-t-il. Après une inspection de haut niveau de leur part, les loups consentirent à le mener vers Motochika. Il était apparemment en plein interrogatoire alors il lui faudrait attendre avant de pouvoir lui parler.

Motochika donna un coup sur la table, faisant brusquement sursauter la jeune fille qui glissa de sa chaise, n’étant pas attachée. Elle ne pouvait pas sortir de la pièce qui était fermée et gardée vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Elle n’avait pas besoin d’être attachée en permanence.

"- Hey ! Calme-toi ! T’es qu’une brute ! Tu n’auras aucun succès auprès des filles !
- Qui te dit c’est ça qui m’intéresse ?"

La tête que fit la jeune fille le calma directement. Il aimait voir cet air ahuri sur le visage détestable de la louve. Depuis le temps qu’il rêvait de la faire taire, il était ravi de lui avoir sorti cette connerie qui avait fait mouche à sa grande surprise. Il la pensait moins « miss sainte nitouche ». Elle ne devait pas savoir que les hommes n’étaient pas forcément attirés par les relations sérieuses mais plus par le sexe. Ils avaient des besoins à assouvir. Il allait pouvoir la faire taire plus aisément maintenant qu’il avait découvert. Bien qu’il détestait utiliser ce genre de tactiques sournoises.

Il se leva, laissant la gamine se relever et remettre sa chaise debout, et quitta la pièce. Il se trouva nez à nez avec Môri qui n’était plus sous forme animale. Il l’accueillit avec un sourire plutôt doux et non moqueur comme il le faisait en général lorsqu’il croisait le chasseur.

"- Bien, je vois que tu t’en es sorti. C’est cool", Rajouta-t-il avant de se tourner vers ses hommes qui fermaient la porte pour être sûrs de ne pas devoir faire du mal à la jeune fille si elle tentait sa chance pour fuir.

"- Elle refuse encore de parler. Il va falloir trouver un autre moyen puisque ma pression d’Alpha ne la fait pas céder."

Il soupira longuement en secouant légèrement la tête. Il en avait sa claque de toute cette histoire, c’était déprimant. Il devait trouver une solution et vite mais rien y faisait.

Quand Mori arriva prêt de la salle d'interrogatoire improvisée, il attendit contre le mur. Les deux loups qui gardaient la porte semblaient hésiter à lui adresser la parole mais Mori se doutait déjà bien des choses qu'ils avaient en tête.

"Que fais un chasseur ici, c'est votre question ?"

Son air imperturbable sembla choquer les lycans qui s'échangèrent un regard avant qu'un lui réponde. "Plutôt pourquoi un chasseur sent-il le loup ? Une odeur proche de celle du boss en plus ?"

Mori claqua sa langue de désapprobation. Cette question-là, il ne pensait pas qu'elle serait posée. Il ne préféra alors pas y répondre. S'ils voulaient cette réponse, ils n'auraient qu'à demander à leur boss adoré. Il ne voulait pas parler de cette mésaventure, de cette erreur de parcours et du bordel que ça engrangeait.

De toute façon, il n'aurait pas eu le temps de répondre que la porte s'ouvrait et Motochika en sortit. Il ne releva pas sa remarque, préférant essayer de regarder ce qu'il y avait dans la pièce d'un oeil furtif. Il n'aperçut que très brièvement une forme humaine mais ne put pas plus la définir que la porte se refermait déjà.

"Et un chasseur ?" se proposa Mori sans réfléchir. S'il pouvait torturer du loup, il répondrait présent pour une fois. Apparemment cette louve était résistante et il était persuadé qu'il arriverait à la faire céder. Si Motochika ne le pouvait pas mais lui si, ce serait formidable. Quelques fois, Mori se savait un peu trop compétitif...

Quelle ne fut pas sa surprise de voir Môri se proposer pour interroger la jeune louve. Ce dernier devait avoir l'habitude de faire ce genre de choses. Les chasseurs ne devaient pas se contenter de tuer les loups ou les autres créatures qui erraient dans ce monde. Ils devaient forcément tenter d'obtenir des informations supplémentaires pour taper plus fort sur ces "monstres" qui les attaquaient. Bien que toutes ces créatures n'étaient pas forcément dangereuses. L'homme s'étendait toujours plus et envahissait les territoires des autres, les forçant à riposter pour leur survie. Mais l'homme ne le voyait pas de cette façon. La cohabitation ne pouvait pas fonctionner.

"- Et bien, si tu te sens d'humeur pour aller supporter une gamine hystérique, je t'en prie, vas-y. Enfin elle doit être encore sous le choc après ce que je lui ai sorti."

Il offrit un sourire complice à ses hommes qui étaient présents. Ceux-ci s'étaient détendus lorsque l'Alpha était revenu dans la pièce. Être avec un chasseur qui sentait le loup, invité par leur Boss, était tout de même une situation un peu spéciale et tout à fait gênante, car ils n'avaient aucune idée de comment se comporter. Même si leurs loups voulaient en découdre avec le chasseur. Ils ne pouvaient pas céder puisque Motochika était celui qui avait amené le chasseur dans leur repaire.

"- Amuse-toi bien", Lança le Borgne en ouvrant la porte pour laisser Môri entrer dans la pièce. Il avait hâte de voir comment il allait s'en sortir. Il referma tout de même la porte, attendant patiemment les résultats de l'interrogatoire.

En attendant, il se tourna vers ses deux hommes qui semblaient se poser énormément de questions. C'était tout à fait légitime. Motochika avait osé amener un "humain" qui les détestait et s'amuser à les chasser.

"- Une petite mésaventure. J'ai du le mordre pour protéger vos camarades. Et donc maintenant qu'il devient un loup, j'ai pris mes responsabilités.
- Mais c'est sa faute!
- Je reste tout de même responsable de sa transformation. Je ne peux pas le laisser devenir fou et ravager les villages autour. Même s'il refuse de nous rejoindre, je dois m'en occuper le temps qu'il prenne ses marques.
- Il n'est plus humain, il devrait abandonner son poste et rejoindre la meute!
- On verra bien. Il est têtu. Donc ne lui parlez pas de ça. On verra bien ce qui doit se passer. Pour le moment, il est avec nous, alors concentrons-nous sur les problèmes plus urgents."

Les loups présents hochèrent la tête et arrêtèrent de poser des questions. Motochika se retourna vers la porte pour voir s'il pouvait écouter à travers les murs.

Un beau sourire proche du carnassier prit le visage de Mori. Oh il allait pouvoir tâter du loup, quel bonheur. Depuis une semaine, il ne fraisait que réprimer ses envies et s'était attaché les mains afin de ne pas sauter sur tout ce qui bougeait dès que l'envie de se défouler pointait. Avec cette opportunité, il retrouvait la possibilité de reprendre ses marques de chasseurs qui lui semblaient lui avoir été ôtées de force.

Il entra dans la pièce et attendit que la porte ne se referme pour faire quoique ce soit. Il leva ensuite ses yeux vers la jeune femme qui n'avait rien dit. Il ne l'avait jamais vue. Sa mine était soucieuse, elle le regardait avec curiosité et appréhension. C'était une nouvelle tête également pour elle qui n'avait vu que des loups de Motochika. Cet homme, elle ne le connaissait pas. Mori vit que ses poings se serrèrent. Elle devait sentir son odeur de chasseur. Les balles d'argent avait une odeur particulière, lui-même les sentaient. C'était pour cela qu'il était si dur de trouver des loups, s'ils repéraient les chasseurs à des kilomètres.

"Vous êtes qui ?" demanda-t-elle soudain de sa voix fluette. "Je ne vous ai jamais vu ici."

Mori ne répondit à aucune de ses questions et se tourna simplement vers elle. Une table les séparait et il se dit que c'était tant mieux pour elle.

"Je ne sais pas pourquoi tu es ici mais tu as des infos à donner, apparemment," lui dit calmement Mori. Il prit appui de ses deux mains sur le plancher de la table.

"Je ne dirai rien !"

"Ca j'en ai conscience. Pas si on ne prend pas les bonnes mesures."

Mori glissa une de ses mains dans son dos et il ne fallut pas plus de temps pour qu'un bruit raisonne contre les murs de la pièce presque vide. La louve s'était réfugiée en un quart de secondes dans un coin et le regardait avec une mien des plus apeurée.

"Mais vous êtes malade !? Vous voulez me tuer ?" Le trou fait par la balle en argent était imprimé sur le mur en face de Mori. Il haussa les épaules. Il voulait pas lui tirer forcément dans la tête alors avait visé juste au dessus mais elle avait eu tellement peur en le voyant sortir son arme qu'elle avait fui. Cela ne l'avait pas empêché de tirer. Il avait trop rêvé de pouvoir enfin tirer sur la gâchette.

"Maintenant parle."

Un coup d’arme à feu fit sursauter les hommes qui se précipitèrent vers la porte avant de se faire bloquer le chemin par l’Alpha. Ils le regardèrent interloqués. Ils pensaient que le chasseur avait tué la jeune louve et qu’ils seraient les prochains sur la liste s’ils n’intervenaient pas maintenant. Mais Motochika ne voyait pas la situation sous cet angle. Môri était coincé dans un repère de loups avec même un Alpha à ses côtés. S’il tentait quoi que ce soit, il se ferait réduire en charpie en un clin d’œil. De plus, le Borgne était persuadé que Môri allait tout faire pour montrer à quel point il était bon pendant les interrogatoire et planter Motochika qui n’avait pas réussit à soutirer les informations à la gamine. Il voyait très bien le tableau, ayant pu se mesurer au chasseur pendant longtemps. Il commençait à le connaître.

"- C’est bon, je gère. Vous pouvez aller prendre une pause. Cela ne vous fera pas de mal."

Les hommes hésitèrent. Il le sentait d’ici et puis vu leur expression, il ne pouvait pas le louper. Il resta silencieux attendant une réponse. Ils finirent par céder, sentant l’insistance de l’Alpha même s’il ne disait rien. Un seul regard suffisait à leurs faire comprendre la moindre petite chose. Un lien fort les unissait et ils se comprenaient vite. Leur Alpha avait la situation en main et ils lui faisaient confiance. Ils acceptèrent donc, pour aller prendre un café et promettaient de revenir juste après. Cela suffisait à Motochika. S’ils pouvaient se reposer quelques minutes cela irait très bien. Môri en aurait sûrement bientôt fini avec un peu de chance.

Il se laissa aller contre le mur à côté de la porte. Il n’était pas question d’entrer et de perturber l’interrogatoire. Le chasseur devait maîtriser et serait sûrement pas content si l’Alpha pointait le bout de son museau dans la salle. Ce dernier n’avait pas envie que Môri lui fasse une scène après. Peut-être qu’en lui montrant qu’il pouvait avoir confiance en lui, le châtain changerait d’avis sur les loups. Après tout, ils n’étaient pas tous des montres sanguinaires qui comptaient anéantir l’espèce humaine.

Le coup de feu n'avait pas alarmé plus que ça les autres loups. Motochika devait lui faire confiance pour une fois. Ce n'était pas plus mal. Par contre il allait devoir faire attention et ne pas se laisser aller et céder à ses pulsions. Il avait pourtant l'irrésistible envie de zigouiller cette femelle qui tentait de le défier du regard. Elle n'était pas rassurée, l'homme avait tout de même voulu lui tirer dessus. Mais elle se disait surement que si elle se transformait, elle pourrait le maîtriser.

"Si j'étais toi, j'arrêterai d'essayer de monter un plan contre moi," fit Mori. "Ce serait plus raisonnable." Il pointa le canon de son arme vers elle. Il sentit tout de suite qu'elle se tendait.

"Un chasseur de loup ne te fait pas peur ? Tu préfèrerais un chasseur de vampires ? Peut-être que tu seras plus rassurée ?"

Il disait ça avec ironie. Car entre les deux types de chasseurs, Mori faisait partie des moins horribles à son goût. Un loup était plus simple à abattre, c'était une source de force hercléenne et parfois d'intelligence, mais ils n'avaient certainement pas la perfidie des vampires. Et les vampires nécessitaient une mort bien plus particulière qu'une balle en argent. Il fallait faire preuve d'un sadisme parfois particulier.
On pouvait faire souffrir un vampire. Si on s'amusait à torturer un loup, sa capacité de régénération rapide faisait qu'on avait plus de risques de se faire tuer plutôt que de réussir.

"Tu connais des chasseurs de vampires ?" les yeux de la louve se mirent à briller. Il sembla à Mori qu'il avait touché un point sensible.

"Pas qu'un peu." La louve se redressa d'un coup d'un seul. Mori peu rassuré recula et se prit la table derrière lui. Une des chaises finit par tomber. "Quoi ?"

L’attente devenait longue. L’Alpha voulait entrer et voir comment cela se passait. Il n’entendait plus de coup de feu, ni de cris, il était donc soulagé d’avoir parié sur le bon cheval en pensant que Môri avait juste tiré dans le but d’effrayer la jeune louve et non de l’éliminer. Mais il ne tenait plus en place. Sa confiance ne jouait en rien sur ce sentiment. Il était un homme d’action. Il ne pouvait pas rester derrière un bureau sans se lever toutes les deux minutes pour faire les cent pas ou aller passer un bonjour à ses hommes, même s’il l’avait déjà fait dix minutes plus tôt. La patience ne faisait pas partie de ses qualités. Il n’avait jamais été quelqu’un de patient et depuis qu’il était devenu un loup cela avait grandement empiré. Avoir un animal qui réclamait des droits sur ce corps et mourrait constamment de retrouver sa liberté n’aidait pas à poireauter des heures durant.

"- Bon sang de borgne ! Je le pensais plus rapide", Soupira le loup en s’appuyant contre le mur après avoir fait les cent pas comme à son habitude.

La louve devait donner un peu de fil à retordre. Mais Môri semblait si sûr de lui, alors que faisait-il ? Motochika regardait la porte avec insistance, luttant férocement contre l’envie d’entrer et d’interrompre l’interrogatoire histoire d’en savoir un peu plus sur la situation. Il était presque tenté d’aller faire un tour. Il ne pouvait cependant pas laisser le chasseur sans personne à ses côtés. Il ne voulait pas que la situation dérape. Il ne pourrait en supporter les conséquences. Il était bien trop faible pour supporter un fardeau de plus dû à un de ses échecs. Il avait déjà raté tellement de choses.

"- Je foire tout…"

Motochika était seul dans cette pièce. Aucun de ses loups n’étaient assez proches pour sentir son désarroi et Môri était occupé dans la salle d’à côté. S’il avait été en état, il aurait regretté d’avoir envoyé ses amis prendre un café pour se reposer. Il avait envie de mourir. Des pensées noires le gagnaient et l’affaiblissaient. Il ne mit pas une seconde de plus avant de se transformer, sans se soucier de ses vêtements qui allaient finir déchirer.

"- ANIKIIIII !"

Son bras droit accourut à la vitesse de l’éclair lorsqu’il sentit la puissance du loup envahir le repaire. Il s’arrêta net en observant le loup couché au sol dans un coin comme si on lui avait donné l’ordre d’aller au piquet. L’homme n’avait aucune idée de ce qui se passait, ou plutôt, il refusait de voir la réalité en face. Son Boss ne pouvait pas en être arrivé à ce point. Impossible.

La jeune fille le regardait toujours avec des étoiles dans les yeux et un sourire béat sur le visage. Mori ne savait pas comment appréhender cela. Elle s’était approchée de lui et lui avait attrapé son haut, pour l’empêcher de reculer encore et pour qu’il lui dise ce qu’elle mourrait envie de savoir. Le chasseur était répugné qu’un loup, qu’une louve !, le touche. Le souffle coupé, il se retenait de la brusquer et de la balancer loin de lui. Elle semblait prête à coopérer.

« Dites moi où il est ! » supplia la demoiselle.

« De qui ? » dit faiblement Mori. Il espérait plus qu’elle le lâche qu’autre chose.

« Ce… chasseur ! Celui que vous connaissez ! » Elle partie dans un long déballage de qualificatifs étranges qui semblaient vouloir dire que du bien de ce chasseur de vampires malgré des termes un peu particuliers. Mori doutait qu’être appelé un décortiqueur de sangsue et d’être froid et muet soit un bon moyen de s’attirer les faveurs de quelqu’un. Mais elle en parlait avec de nombreuses étoiles dans les yeux.

« Je te dirai si tu me dis tout ce que je veux savoir, » bluffa finalement Mori.

« Que voulez-vous savoir alors ? »

La louve s’assit gentiment, lâchant enfin le brun qui se sentit enfin capable de respirer un peu plus normalement. Il avait du se faire violence pour ne pas céder à ses envies.

Quelques minutes plus tard, il sortit enfin de la pièce. Alors qu’il fermait la porte, on entendit la louve brailler quelque chose comme un marché non terminé mais le chasseur s’en fichait bien. « Je ne suis pas du genre à marchander avec les loups, » lui avait-il dit. Cela l’avait choquée et s’était mis à l’insulter de tous les noms d’oiseau qu’elle connaissait.

Rapidement, Mori sentit l’atmosphère étrange qui régnait dans les couloirs de la planque. Il vit quelques hommes s’affoler mais malgré tout ils évitaient de parler de ce qu’il se passait à côté de lui, comme voulant garder le problème secret. Mais vu comment tous réagissaient, le chasseur se douta bien vite de la situation. Il suivit alors quelques loups, ignorant leurs appels pour l’arrêter.

« J’ai les infos que vous vouliez, laissez-moi passer, » ordonna-t-il aux loups quand il se trouva devant la porte du bureau de l’Alpha. Ceux-ci le regardèrent silencieusement un moment, semblant jauger la confiance qu’ils pouvaient mettre en lui.

"- Aniki …", Souffla son bras droit. Le jeune homme ne se sentait pas à l’aise face à la situation. Il avait fait bouger son Boss jusqu’à son bureau pour être plus tranquille et avait demandé à des hommes de confiance d’éviter que la condition du borgne ne s’ébruite trop. Il espérait secrètement que cela ne soit qu’une petite déprime passagère. Mais l’état de son chef ne laissait que peu de doutes planer. Que pouvait-il faire pour changer la situation et lui redonner goût à la vie ?

"- Si vous acceptiez de parler, cela pourrait peut-être nous aider pour vous sortir de là ?"

Sa phrase était légèrement hésitante et ressemblait plus à une sorte de question au final. Et pour réponse, il n’eut droit qu’à un léger glapissement étouffé. Il déglutit. La situation était vraiment sérieusement. Aucun ne s’était préparé à voir leur chef se retrouver dans un tel état. Ils l’auraient plus vu mourir brillamment en combat à un âge bien avancé. Et même s’il était vieux pour un loup, jamais aucun de ses subordonnés n’avaient pensé que ce jour arriverait. Motochika ne pouvait pas se laisser défaillir, ce n’était pas dans sa nature. Mais il semblerait qu’aucun loup n’échappait à se dépérissement soudain.

"- Hey ! J’avais ordonné à ce que personne n’entre !", S’exclama le bras droit alors que quelqu’un ouvrait la porte après avoir toqué.

"- Mais… Y a l’autre qu’a ramené Aniki qui veut passer …
- Que ce soit ce chasseur ou non, personne n’entre !"

Sans laisser la chance de répliquer l’autre loup, le bras droit sortit dans le couloir, refermant la porte derrière lui. Il se retrouva face à face avec le chasseur qui était devenu un loup. Le Boss s’en voulait de l’avoir transformé, voilà pourquoi ce nain était là dans leur repère. Il n’y avait pas d’autres explications possibles à la situation. Et ce n’était pas parce que le Boss l’avait accepté qu’ils allaient en faire d’autant. Surtout quand Motochika n’était pas en état. Il était faible et son jugement pouvait être altéré.

"- Si tu as quelque chose à dire, en tant que bras droit, je suis là pour t’écouter."

Mori était obligé de lever la tête pour regarder le bras droit dans les yeux. Ces loups, ils étaient tous plus grands que lui. Il enrageait presque de sa petite taille face à eux, il se sentait plus vulnérable mais il montrait clairement par son regard qu’il ne fallait pas se fier aux apparences, et la plupart des loups qui le connaissait le savait bien.

« Parce que tu crois que je vais te parler à toi ? » défia Mori en croisant les bras. Il était hors de question de ne parler qu’à un sous-fifre. Soit il parlait au maître des lieux, soit ils pouvaient tous courir pour qu’il livre les informations qu’il pouvait avoir eues.

« Laissez-moi passer, » réitéra-t-il. Il n’allait pas le faire une troisième fois.

Leur foutu Alpha allait encore se casser la gueule si personne n’essayait de le réveiller. Pour Mori, Motochika avait juste un manque flagrant de combativité. Il lui fallait juste un peu de challenge et il repartirait. Ce monstre était né pour pouvoir se défouler et cet état léthargique montrait bien qu’il manquait de sport, non ?

« Je sais comment vous le requinquer, » leur dit-il en forçant le passage. C’était faux, il ne savait pas vraiment ce qu’il en était. Mais on ne cachait rien à Mori, ou plutôt, on ne l’empêchait pas de faire quelque chose. Il détestait être entravé. Râlant contre ce bon à rien d’Alpha, le chasseur réussit à passer à travers les loups – merci sa petite taille… – et entra sans qu’il ne soit invité dans le bureau.

« Tu veux des informations ? Alors au lieu de te laisser mourir, écoute-moi, abruti, » lança-t-il en grognant.

"- Hey!", Fut la seule réponse qu'eut le temps de donner le bras droit avant que Môri s'élance dans la pièce et s'occupe du cas de Motochika. "S'occuper" était un bien grand mot puisqu'il ne fit que lui parler. Mais l'homme décida de donner une chance à l'étranger. Il connaissait bien son boss. Il passait souvent du temps avec lui, comme à peu près tous les autres gars. ils étaient une grande famille et les secrets ne faisaient pas long feu dans un tel environnement. Mais tous s'acceptaient quels que soient les secrets qu'ils avaient et qui les poussaient à fuir les autres meutes. beaucoup de loups étaient stricts, mais pas le borgne. C'était le seul àaccepter tout le monde et à leur offrir un foyer. Par contre, trahir sa confiance était sévèrement puni. Motochika était cependant connu pour offrir une seconde chance à chaque loup, voire même à chaque personne qui croisait sa route.

Alors comme aucun secret ne pouvait être gardé bien longtemps, tout le monde était au courant des duels entre le chasseur et leur chef. Motochika appréciait le chasseur, bien plus que tous les autres et surtout bien plus qu'il n'en avait conscience. Peut-être l'avait-il ramené avec lui parce qu'il sentait qu'il pourrait l'aider à se reprendre. Car ce n'était pas Motochika qui allait réussir à s'occuper de Môri qui était devenu un loup récemment d'après l'odeur qu'il sentait, vu l'état dans lequel il était. Motochika était aussi utile qu'une carpette dans un jardin. Mais il avait déjà vécu bien longtemps et il avait connu bien des moments difficiles. Le bras droit sentait lui-même que la fin de vie approchait pour lui. Il s'en voulait cependant de ne pas avoir senti son chef faiblir. Le borgne était très fort pour cacher quand il allait mal.

Sagement, le bras droit resta dans la pièce, préférant être là si la situation dégénéré. Il n'avait pas envie de protéger le chasseur mais si l'un devait craindre quelque chose, c'était le chasseur. Un loup dans un tel état pouvait devenir très violent soudainement pour protéger sa lente agonie. Mais pour le moment seul un long grognement répondit aux dires de Môri. Le loup était abattu et n'avait aucun intérêt pour ce genre de choses. Il fallait l'aider à se resaisir avant de lui parler des affaires à régler.

"- T'as intérêt à te montrer convainquant car on aura aucun scrupule à te foutre dehors si jamais il reste comme ça."

Motochika aurait du réagir. Il n'aimait pas qu'on chasse les gens pour de tels prétextes. Mais le loup ne bougea pas d'un pouce ce qui brisa les derniers morceaux d'espoirs de ses subordonnées qui étaient autour du bureau. Son bras droit n'abandonnait pas encore la lutte et tentait d'y croire encore. Même si l'histoire avait démontré que de tels loups ne se ressaisissaient jamais.

Mori ne répondit rien au loup ssubalterne. Il savait ce qu'il avait à faire, enfin le pensait-il. Motochika avait retrouvé espoir en voyant l'entrée de son repaire, il y avait donc quelque chose ici qui le revigorait. Cependant pourquoi en quelques minutes, heures, d'interrogatoire, ce vieil Alpha était redevenu cette loque dépressive ? Il entendait la réponse que Yukimura lui donnerait à ce moment là : il a mangé quelque chose de travers ? Mais vu l'état de la chambre, Mori ne pouvait ne pensait pas que le loup s'était sustanter. Peut-être que faire cela lui rendrait un peu du poil de la bête.

"Apportez-lui un truc à manger," quémanda-t-il au loup. Puis quand il put, il s'introduisit dans la pièce et ferma la porte pour qu'il puisse être en catimini avec l'Alpha. Il s'était encore transformé, super. Mais ua moins il pourrait l'entendre s'il parlait, il n'avait pas à expérimenter cette chose affreuse.

La voix intérieur lui dit qu'il avait encore une chance. Ce jeune loup interne se débattait entre le fait que l'Alpha était son créateur, sa haine partagée pour l'espèce et l'instinc du plus fort. Mais Mori réagissait autrement. Il avait des informations et il voulait les partager parce que cela permettait d'éclairer les faits sur ce qu'il se passait.

Il avait saisit qu'il y avait une recrudescence du nombre de loups dans les parages et cela n'était pas du fait de Motochika. Ces jeunes loups n'avaient pas assez d'expérience dans leur transformation ou la maitrise de leur instincts et devenaient une vraie menace pour les humains qu'ils attaquaient. Motochika coursait les loups sur son terrain pour les maîtriser, les chasseurs comme lui-même s'occupaient de tuer les nuisances - en somme une façon totalement différente de gérer l'affaire...

Il avait de la gamine une information sur l'emplacement de l'autre loup qui l'avait kidnappé dans la forêt. Il frissonna. C'était le jour où il avait été mordu, deux à trois semaines auparavant. Peut-être qu'en capturant ce loup, ils auraient d'autres informations.

Cependant tout cela ne risquait pas d'avancer si ce fichu Alpha faisait le mort.

Mori s'installa à la chaise du bureau dans la chambre de Motochika et posa son regard sur lui. Il respirait doucement, trop lentement.

"Ta louve est coriace mais j'ai pu tirer ce qu'on voulait savoir sur Kanbe," lui indiqua-t-il. "Il a établi son repaire pas loin du tiens, un peu au Nord. Elle ne l'aime pas beaucoup de ce que je sais, c'est pourquoi elle était plutôt encline à nous donner son repaire." Il omit aussi le deal qu'il avait passé avec elle et qu'il n'avait pas porté à terme.

Motochika ne bougea pas d'un poil malgré tout ce qui se passait autour de lui. S'il intervenait, il allait encore tout faire foirer. Ce sentiment désagréable d'impuissance totale et d'envie de mourir le reprenait de plus belle, le faisant se détester d'autant plus. Comment pouvait-il servir à quelque chose alors que même lui était incapable de soutirer une information à la gamine qu'ils détenaient en otage ? Môri, un jeune loup, avait réussi brillamment. Mais pas lui. La honte pour un alpha. Il ne méritait pas d'être un alpha. Il ne méritait plus d'exister.

Mais une information capta son attention malgré tout. Môri avait réussi à obtenir l'adresse du repaire de Kanbe. Si le borgne ne pouvait rien en faire, il pouvait toujours envoyer l'information à quelqu'un de plus compétent, quelqu'un qui n'allait pas tout faire foirer. Pour cela, il allait devoir se bouger. Il pouvait bien faire ça une dernière fois avant de se laisser dépérir.

"Aniki! Calmez vos transformations! Vous en faites trop en ce moment, vous allez vous tu-"

Coupant court à la communication qu'il avait laissé filtrer par erreur, Motochika reprit lentement forme humaine, se retrouva une nouvelle fois nu devant Môri. Depuis le temps, le chasseur ne devait même plus s'en formaliser. Une fois sur pied, le chef de la meute se dirigea vers son bureau où était installé son ennemi qu'il espérait être devenu son allier le temps de s'entraider un peu, même si le borgne ne servait à rien. Bougeant quelques bouteilles, il récupéra son téléphone. Il sentit l'agacement de son interlocuteur et consentit à parler un peu.

"- Ce n'est pas moi qui gère cette partie", Lança-t-il en composant le numéro de l'homme qu'il pouvait considérer comme son meilleur ami chez les loups. Date était aussi son meilleur ami, mais il faisait partie des vampires, ainsi le borgne avait un meilleur ami dans chaque clan, sauf celui des humains.

"- Hm. Oui, ça va... Mais si, arrête de t'en faire... J'ai des informations à te filer. Alors retrouve-moi au repaire."

Motochika raccrocha rapidement. Ieyasu avait réussi à découvrir qu'il n'était pas au top en quelques secondes, cela risquait d'être embêtant de le rencontrer.

"- Je te laisserai lui parler. Il doit agir vite et ne pas s'occuper de moi. Il s'inquiéterait trop vite alors que bon..."

Ne finissant pas sa phrase, il laissait tout de même entendre qu'il servait plus à rien alors c'était inutile de s'occuper de lui. Son ami ne devrait pas être là dans bien longtemps. S'il avait bien comprit, il enquêtait non loin d'ici et serait donc là d'ici quelques minutes. Le borgne devait donc se décider avec Môri sur la marche à suivre, mais il restait persuadé qu'être présent aller rendre les choses encore plus difficiles.

Mori n'avait jamais rencontré l'ami de l'Alpha. Tout ce qu'il avait était des rumeurs de la part des chaussuers qui s'occupaient de cette partie du pays. C'était un jeune homme, plutôt gentil et un grand leader. Tous ses loups l'écoutaient à la lettre. C'était apparement une relation différente de celle fraternelle que Motochika avait avec sa meute. Mais sinon ces information,s Mori n'avait jamais cherché à en avoir plus. Le Nord était grand et les patrouilles qu'il effectuait le rendait toujours très occupé. our ses reccords, Mori effectuait une à deux chasses par mois. Le reste tait des patrouilles. Si des cas de meurtre inexpliqué étaient rapportés par la police, il allait enquêter. parfois il aidait un autre couple de chasseur vers le Sud Est.
Du coup il ne connaissait pas grand chose sur ce "Il".

Motochika se tût et laissa sa phrase en suspend. Mori en soupira intérieurement. Ce manque de vitalité lui donnait la nausée.

"Reste dans ton coin, je m'en occuperai."

Il se disait que l'Alpha ne devait vraiment plus avoir toute sa tête pour laisser un chasseur en exil, transformé, en contact avec ses amis loups garou. Il ne se rendait pas compte de la puissance des informations qu'il pouvait dès à présent donner à ses supérieurs. Heureusement pour l'Alpha, le fait que l'affaire soit portée sur un groupe de loups féroces sanguinaires, l'opportunité de debusquer et en finir avec les autres Alpha était secondaire. Il était même plus ingénieux de collaborer avec eux afin d'en finir au plus vite. Mori n'aimait pas les loups, mais il détestait par dessus tout les massacres pour le plaisir.

Dix minutes durent seulement passer quand on avertit de l'arrivée de l'Alpha. Mori se redressa, ses instincs de chasseurs mêlés à ceux du loup aux aguets. Quelque chose, enfin quelu'un, était arrivé et sa présence était colossale. Mori en était surpris. Etait-ce parce qu'il était loup qu'il sentait cela ? Mais pourquoi ne sentait-il pas la même énergie émaner de son Alpha ? Surement à cause de cet état lamentable...

Un jeune homme ouvrit la porte et appartut, un air soucieux sur le visage. Les sourcils froncés, il parcourut la pièce des yeux et il s'arrêta un instant sur Mori. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais le chasseur le coupa.

"Nous n'avons pas le temps pour ça. J'ai deux choses à te dire : premièrement, il me faut du back up pour récupérer un Alpha misérable qui a établi son repaire par le Nord ; secondement, - Mori pointa la masse de poils recroquevillée sur elle-même - ça."

Ieyasu n'avait pas perdu la moindre seconde. Quelque chose clochait avec son vieil ami. Depuis quand le borgne semblait si faible ? Cela ne lui ressemblait pas et pas une seule seconde, le brun avait pensé que le loup arrivait à la fin de sa vie. C'était impensable. Il courut jusqu'au repaire de Motochika et ne prit même pas la peine de demander son chemin. Depuis le temps, il connaissait les lieux par coeur. Il n'eut aucun mal à gagner le bureau du chef de meute. Il ouvrit les portes, cherchant du regard l'alpha. Aucun signe de lui à première vue, même s'il arrivait à sentir son odeur. Mais il tomba nez à nez avec un jeune homme inconnu. Il n'eut même pas le temps de dire quoi que ce soit que celui-ci le coupait.

Un loup misérable, répéta Ieyasu dans sa tête. Il pensa immédiatement à Motochika mais le reste des paroles de l'inconnu lui fit comprendre que le "ça" parlait du borgne et non la partie d'avant. Son regard croisa la masse informe que formait le chef de meute dans son petit coin. Quelque chose n'allait pas. Le brun sépara les poings. Il n'aimait pas voir ses amis dans cet état. Même si les batailles étaient importants, l'amitié restait une de ses priorités.

"- Depuis quand était-il dans cet état ? Que s'est-il passé ?"

Ieyasu espérait que le jeune homme aurait des réponses à lui fournir. Il avança un peu plus dans la salle, son pied buttant dans quelques bouteilles alors qu'il s'approchait de son vieil ami. Celui-ci tenait bien l'alcool, ce n'était pas ça qui l'avait mis dans un tel état. En plus, Motochika avait plus l'alcool joyeux que triste.

"- Ce coup de mou ne te ressemble pas", Souffla-t-il en sachant parfaitement que le loup argenté l'écoutait. Normalement les alphas étaient en conflit, ne voulant pas céder à l'autre la moindre chance de dominer. Mais avec Ieyasu, les deux avaient toujours su s'entendre sans trop d'accrochages, même si leur côté alpha avait tendance à les mettre en compétition. Là, il n'y avait plus rien. Aucune étincelle et cette constatation était inquiétante.

"- Nous pouvons le gérer avant de nous occuper du premièrement ?", Questionna le brun en se tournant vers l'homme qu'il ne connaissait pas. Il se sentait pas menacé. Peut-être parce qu'il faisait un peu trop confiance à son ami qui l'avait laissé entrer ici. Le jeune homme était un loup, ils devaient être du même côté.

Que pouvait-il bien dire ? Mori ne savait pas pourquoi l'Alpha était ainsi. S'il le savait, il aurait réglé le problème. Mais le problème des Alphas n'était pas le sien, surtout si cela les poussait à se suicider. C'était même un grand serviice rendu aux Humains et surtout à lui. Cependant comme il s'agissait de Motochika, il préférait largement mettre fin à ses jours lui-même plutôt que de le voir dépérir ainsi. Voir un de ses ennemis jurés mourir de vieillesse n'était pas satisfaisant du tout.

"Je ne peux pas te répondre," finit par dire Mori en soupirant intérieurement. "Si tu peux gérer ça en dix minutes, alors oui." ajouta-t-il ensuite. Il n'avait pas envie de perdre plus de temps qu'il en avait déjà perdu par la lenteur du loup pour rentrer au camp. Kanbei était apparemment un loup très malchanceux et qi se voulait pourtant fort et courageux. Il ne bougerait pas de sa tanière mais s'il avait un ordre d'attaquer quoique ce soit, il le ferait. D'après la gamine, il avait une dette à payer et il traitait celle-ci comme un boulet, une entrave, pour sa liberté.

Il serait bien allé directement voir l'autre loup lui-même cependant, sa condition ne lui permettait pas d'être lâché seul. De plus, il aurait malheureusement besoin de renfort car le loup n'était pas seul. Il ne pouvait pas utiliser ses lames et son arme à feu comme avant, à cause de l'allergie. Il était donc handicapé. Il n'avait pas encore retrouvé toutes ses forces ni toutes ses capacités. Et le loup en lui était bien trop amène à se déchaîner pour tenter le diable. Mori voulait éviter d'être une nouvelle cible pour les chasseurs et il ne voulait pas que sa condition soit connue de ses chefs.
Il avait normalement une période de deux semaines sur les terres, en mission de reconnaissance. C'était déjà étrange que Yukimura soit rentré sans lui avant la fin de la première semaine. C'était pour cela que Sasuke était venu à sa rencontre. Ils avaient convenu qu'il falait rester silencieux quant à sa transformation mais qu'il travaillait "sous couverture". Tout ça était compliqué pour rien.

"Qu'est-ce qui pousse les loups à mourir tout seul ?" demanda finalement Mori. Il espérait que cette partie d'information donnerait des idées à l'autre Alpha.

Dix minutes ? C'était très court et en même temps très long. Un peu comme s'il était devant une copie d'examen et qu'il n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait écrire. Il risquait de rendre copie blanche dans l'état actuel des choses. Mais Ieyasu n'était pas le genre de personnes à abandonner son ami. Même s'il risquait très gros à ne pas s'occuper de sa mission première, il voulait vraiment tenter sa chance. Surtout qu'avec Motochika à ses côtés, la mission serait nettement plus facile.

"- Hm ?", Le brun se concentra sur les paroles de l'homme qu'il ne connaissait pas, délaissant ses doutes pour quelques temps. Ce n'était pas le moment de se laisser distraire, il devait se concentrer sur le borgne et le problème qu'il pouvait avoir. Tout en inspectant la salle plus en détail, il consentit à répondre à la question de son interlocuteur. Le pauvre n'avait pas du avoir les bases de l'éducation des jeunes loups vu l'état de son alpha.

"- La vieillesse est souvent le facteur déclencheur. Les loups, las de vivre, se laissent mourir. Mais ce n'est pas possible sans un élément important. La mort d'un compagnon de longue date est souvent fatale pour les vieux loups qui refusent de vivre sans lui. Pas que ce soit le cas de notre ami. "

Ieyasu jeta un coup d'oeil au loup argenté qui n'avait pas bougé d'un poil. Ce dernier n'avait personne ne dehors de sa meute. Celle-ci se portait plutôt bien malgré la surcharge de travail avec l'arrivée des jeunes loups transformés. Ce n'était pas la fatigue qui avait eu raison du borgne, celui-ci ne laisserait jamais une telle raison avoir sa peau. Rien que de laisser sa meute se débrouiller sans lui en plein état d'urgence était étrange.

"- Il y a vraiment beaucoup de raisons pour qu'un loup en vienne à cet état mais rien ne semble lui ressembler."

Peut-être n'était-il pas le mieux placé pour aider l'alpha. Iyeasu le connaissait depuis longtemps et il pouvait être aveuglé par ses sentiments. Il le voyait comme un loup infatigable qui allait mourir dans un combat et non de vieillesse.

"- Ces bouteilles sont encombrantes", Finit-il par dire à force de cogner dedans à chaque pas qu'il faisait. Il se pencha, décidant qu'il ne pouvait pas continuer comme ça, et attrapa une des bouteilles. Il remarqua alors quelque chose d'étrange. Il tendit la main et récupéra une autre bouteille qu'il avait fait tomber un peu plus tôt. Même si l'alpha l'avait vidé, il restait quelques gouttes qui perlaient au bout du goulot.  

"- Cet alcool ne devrait pas avoir cette couleur, si ?", Demanda-t-il perplexe. Il avait l'impression de voir le moindre détail comme une solution à son problème. Il se faisait peut-être des idées mais il décida de continuer à étudier la question de plus près. Renversant la bouteille, il récolta quelques gouttes dans le creux de sa main. Aucune réaction étrange. Aucune odeur suspecte. Juste une couleur nettement plus foncée que l'ordinaire. Et si un poison avait été versé discrètement dans la réserve d'alcool, ce qui pourrait expliquer l'état de l'alpha, cela voulait aussi dire qu'un des loups de la meute était un ennemi. Cette idée semblait impossible.

Ieyasu jeta un regard à l'inconnu. Ce n'était pas son genre de douter des gens ainsi, mais s'il y avait quelqu'un qui semblait être le plus suspect, c'était bien le jeune homme qu'il ne connaissait pas. Les autres étaient des hommes qui avaient gagné le respect et la confiance de leur chef.

C'était le genre d'informations que les loups avaient réussi à plus ou moins cacher. Pour l'Organisation, un loup se poussant au suicide n'était pas recensé. Il devait bien arriver ce gnre de cas, parce que l'amour de la vie du loup était mort ou quelque chose comme ça mais Mori n'avait jamais pensé que c'était un fait réel et non un cas particulier. C'était intéressant à savoir pour un quelconque marchandage avec une autre meute car ce genre de choses n'allait apparemment pas spécialement marcher chez Motochika. Mori aurait voulu soupirer si cela était dans ses vraies habitudes. Au lieu de cela, il eut un simple sourire qui ne dura qu'une petite seconde.

Il regarda avec attention le manège de l'autre Alpha. Il suspectait l'alcool. Le chasseur n'aurait jamais pensé à ça, trouvant déjà l'alcool comme un poison. Cela avait tué son père alors il avait décidé de ne jamais en toucher une goutte. Si cela pouvait être la raison qui pousse son Alpha à mourir, alors il allait assister à la même scène pour une seconde fois dans sa vie. MOri claqua de la langue. Il ne manquerait plus que cela. Les gens étaient décidément stupides.

"Cette couleur ?" répéta-t-il en s'approchant. Il prit une autre bouteille et examina. Il ne put voir qu'une couleur ambre sombre et l'odeur de l'alcool qui lui donna légèrement la nausée. Il fronça les sourcils en essayant de comprendre. "Il y aurait quelque chose dans la bouteille ?" demanda-t-il à l'autre Alpha d'abord. Puis quand il sentit une vague de menace sur lui, il s'écata vivement de l'Alpha, sur ses gardes.

"Je en sais pas à quoi tu penses mais je n'y suis pour rien," gronda-t-il.