Étalé de tout son long sur le canapé, dans le salon de la maison familiale, un jeune homme aux cheveux couleur de sang s’abrutissait devant la télévision. Shintaro adorait regarder les émissions de télé-réalité juste pour le plaisir d’entendre tous les stupidités qu’il pouvait dire ou faire. Ça avait le mérite de le faire se sentir particulièrement intelligent. Pas qu’il soit stupide mais il avait toujours été plus manuel qu’intellectuel. Demandez-lui d’aider à construire, casser, remonter des choses, ça allait. Mais demandez-lui d’écrire une rédaction de quinze pages sur « Interprète-t-on à défaut de connaître ? », là il n’y avait plus personne.
Un ricanement lui échappa en voyant deux filles se battre à cause d’un garçon avant qu’un léger grognement de douleur ne lui échappe. Le roux porta la main à sa tête, son crâne lui lançant après qu’une de ses mèches lui ait été tiré. Lâchant son émission des yeux, il leva ceux-ci pour les poser sur une femme postée à côté du canapé, les mains sur les hanches, un air mécontent sur le visage.
« -
Un problème, M’man ?
- Tu n’en as pas marre de regarder ce genre d’émission stupide. Il y a surement autre chose de plus intéressant.
- La seule chose qui passe pour le moment sont soit des séries à l’eau de rose, soit des dessins animés, soit les informations.
- Et bien regarde ces dernières. Ça te cultivera au moins.
- Ils font que parler des morts qu’on retrouve un peu partout dans la ville. A croire que les sangsues savent plus être discrète. »
Sa mère souffla légèrement, accordant le dernier point à son fils. S’apprêtant tout de même à répliquer, elle s’interrompit en sentant le bras de son mari passer autour de sa taille.
« -
Laisse-le un peu tranquille. Et puis c’est vrai que cette situation est assez inquiétante. Heureusement seuls les humains sont touchés pour le moment. Je suis étonné que des chasseurs n’ait pas encore mis la mains sur les coupables. Enfin… Nous allons rejoindre les autres pour une petite chasse, tu viens avec nous, Shin ? demanda son père.
-
Nope, je vais retourner à mon appartement, j’ai encore le ménage à faire là-bas. Je pense que je sortirai plus tard. Et peut-être que je croiserai une sangsue avec qui me battre. La pleine est là, après tout et ça me démange.
- Fait juste attention à toi. Comme la dit ton père, les loups ne sont pas touchés pour le moment, mais tant que l’on ne sait pas les raisons derrière ses attaques aussi voyantes, méfie-toi.
Ne t’inquiète pas, M’man, je gère, dit Shintaro en se levant et en faisant une bise sur la joue de sa mère. Allez, je vais m’en aller et je vous dis bonne chasse. Passez le bonjour à la meute. »
S’étirant de tout son long, le roux récupéra ses propres clés qu’il avait jeté sur un meuble en arrivant chez ses parents et sortit dans la rue qui commençait à se faire plus sombre, le Soleil laissant place à la Lune.
Arrivé dans son chez-lui, Shintaro se donna un coup de pied mental pour se forcer à ranger le capharnaüm qu’était son appartement. Mettant finalement la machine à tourner après avoir fini, il se glissa sous une douche brûlante, soupirant de bien-être. Il finit par sortir, se sécha et alla s’installer sur le canapé, rallumant la télé en attendant que la machine se termine pour l’étendre.
Ses corvées finies, le roux se décida finalement à sortir, fourrant ses clés et son portefeuille dans ses poches. La pleine lune se réfléchit dans ses yeux couleur brun-rouge. Brique si l’on voulait être exact. Et pas rouge comme certains de ses congénères adorait se moquer. Après tout c’était bien connu que seuls les vampires avaient les yeux rouges.
Les mains dans les poches, Shintaro déambula dans les rues pratiquement vides à cette heure-ci. Depuis les morts, les gens avaient tendance à cloitré leur nez chez eux dès que la nuit pointait son nez. Non pas qu’il s’en plaignait car s’il tombait sur un vampire, il pourrait se laisser aller à sa nature sans que personne ne le voit. S’arrêtant soudainement, il leva le nez, humant l’air, tel le loup qu’il était. Un immense sourire pris place sur son visage en reconnaissant une odeur bien précise. Se précipitant vers celle-ci, il finit par sauter sur la personne qui lui tournait le dos. Il allait s’amuser ce soir.